Facteurs n La promiscuité «coule» désormais par d'autres canaux. Un exode rural débridé qui a pris l'ascenseur, ajouté à une démographie galopante ont fait que la quête d'un logement a pris, aujourd'hui, les contours d'une véritable quête du Graal. Et lorsqu'on a «la chance» d'avoir un toit dans le vieux bâti, autant vous dire qu'il vaut mieux marcher sur des œufs car au moindre imprévu, c'est toute la baraque qui croule ! Il suffit d'une petite averse ou d'une légère réplique tellurique pour que des «haouchs» et des logements se fendillent et se lézardent et livrent à la rue des dizaines de familles avec mômes et baluchons sur les bras. Coincés entre l'absence criante d'appartements neufs ou disponibles et un habitat précaire qui s'effeuille telle une marguerite au gré du vent, les pouvoirs publics n'ont jamais eu d'autre alternative que de recaser les sinistrés là où ils peuvent, c'est-à-dire n'importe où et souvent n'importe comment. Et c'est ainsi que le provisoire prend de plus en plus racine dans notre pays quand l'urgence prend des ailes. En 2001, quand le baril de pétrole était à 30 dollars, la citerne d'eau à 300 DA et que l'Oranie avait terriblement soif, de curieuses inondations faillirent détruire toutes les fermettes implantées à Saint-Rémy, à 8 km au sud-est d'Oran. Pour parer au plus pressé, les autorités locales abritent 6 familles dans une fourrière désaffectée de Ch'taïbo. Ch'taïbo pour ceux qui ne connaissent pas l'Oranie, est la plaque tournante du trabendo des pièces détachées de véhicules accidentés, désossés, volés, maquillés, planqués… 9 autres familles qui avaient occupé illégalement des appartements neufs à Haï Sabah près de l'université Mohamed-Boudiaf, viendront manu militari rejoindre la première vague. Au total, 15 familles, soit environ 70 personnes, prendront désormais la place des chenils et des chiens de la commune. Sans eau, sans gaz, sans électricité, sans toilettes et, bien sûr, sans espoir de s'en sortir. Et depuis 7 ans, elles vivent le même calvaire sous ce hangar de tôle ondulée, trop chaud en été, trop froid en hiver. Même la chasse aux punaises, aux rats et aux moustiques a fini par les épuiser. Et pour clore ce vaudeville de mauvais goût, d'autres prédateurs armés de sabres et d'épées viendront régulièrement voler tout ce qui peut leur tomber sous la main devant des enfants terrorisés et sans voix. Des mères de famille menacées nommément ont contraint leurs hommes à monter la garde devant la fourrière. Dans ce groupement qui n'a été ni voulu ni souhaité, des pères de famille ont perdu leur emploi, les gosses leur classe et leurs maîtresses et tous la conviction que demain ne sera ni pire ni meilleur…