Résumé de la 1re partie Aïcha aperçoit Saïd, son mari, avec sa voisine Daouia, la nuit. Des soupçons la traversent : son mari la trompe-t-il ? Les nuits suivantes, elle guette à nouveau Saïd, qui rejoint Daouia sans même lever la tête vers le drabzi où elle est tapie. «Depuis combien de temps sont-ils ensemble», se demande-t-elle souvent, mais elle ne peut trouver de réponse à sa question, cherchant dans le comportement de son mari des signes de changement, mais Saïd est toujours le même, attentionné comme à son habitude. Après quelques jours de réflexion, Aïcha décide de passer à l?attaque. «Je ne vais pas me laisser faire par cette moins que rien.» Quand elle revient du hameau, pendant que ses enfants font la sieste, elle prépare sur le bord d?une petite planche passée au polissoir, le medda en brûlant un bout de laine de mouton. Puis, devant son miroir, elle redessine l?arc de ses sourcils avec une petite baguette et pose un grain de beauté au coin de sa bouche. Puis, longuement, elle mâchonne un bout de swêk qu?elle passe sur ses dents, en frottant légèrement. Elle finit de se parer en enfilant son petit haut vert amande sur son seroual noir. Aïcha s?observe avec satisfaction devant le miroir de son armoire à glace, puis elle se penche sur le drabzi en appelant : «Daouia, ya Daouia ! Behia, la mère de la jeune fille, soulève le rideau et lève les yeux : ? Qu?y a-t-il, Aïcha, ya benti ? ? Bonsoir, La Behia ! veux-tu appeler Daouia ? Je voudrais qu?elle me montre un point de broderie pour ma meloua, pendant que les enfants dorment !» Daouia apparaît quelques minutes après dans l?encadrement de la porte, et reste frappée un moment par l?aspect de la femme de Saïd... Elle l?embrasse et lui dit : «Saha alik el hammam, Aïcha !» Et les deux femmes papotent autour d?une tasse de café au zhar, chacune jouant son rôle et observant sa rivale. Pas une seule fois Aïcha ne parle de son mari, et quand les enfants se réveillent, Daouia joue avec eux, feignant une parfaite innocence. Aïcha l?observe, levant la tête de temps à autre au-dessus de son ouvrage en tirant sur le fil lentement, puis baisse les paupières pour cacher la dureté de son regard où brille une lueur meurtrière... «C?est une jeune fille, elle est plus jeune et plus fraîche que moi, c?est peut-être cela qui attire Saïd.» De son côté, Daouia sent la jalousie lui brûler le c?ur. Sur la commode trône un grand cadre avec la photo de Saïd en costume noir, tenant par la main Aïcha en karakou brodé d?or, le visage éclatant de bonheur sous un diadème de perles posé sur le front. Tout dans la grande pièce éclairée par une large fenêtre lui semble parfait. Le grand lit recouvert de petits coussins de velours et d?un jeté orné de dentelle, les rideaux assortis aux couvertures des banquettes, la grande armoire à glace, la coiffeuse sur laquelle Aïcha a déposé des napperons immaculés? «Comme je voudrais avoir une maison comme celle-ci, et comme Aïcha doit être heureuse avec Saïd?»(à suivre...)