Portrait n Quand il parle de la migraine, Hakim donne l'impression d'être un expert en la matière. Pourtant, il n'a jamais suivi de formation en médecine. «Je suis technicien en maintenance des machines industrielles», dit-il, affichant un large sourire qui cache mal une souffrance intérieure. C'est que ce père de famille de 43 ans souffre d'une vilaine migraine depuis 21 ans exactement : «J'avais 22 ans quand j'ai eu ma première crise, c'était en 1986.» De son avis, cette maladie est le résultat de son comportement irresponsable de jeune : «A l'époque, je me mouillais tout le temps les cheveux et dormais très souvent à la belle étoile. Je dois vous dire qu'avant d'avoir mes 22 ans, je ne savais même pas ce qu'était un mal de tête.» Hakim n'omet pas de signaler au passage que ses parents ne sont pas migraineux comme pour exclure la piste héréditaire. «Dans toute ma famille, il n'y a que ma tante qui a cette maladie», poursuit-il. Parlant de sa migraine, notre interlocuteur souligne que les crises surviennent généralement la nuit, «vers 2h ou 3h», et parfois plus tard. Dans les deux cas, «elles commencent au réveil, en automne particulièrement», précise-t-il. Selon lui, les changements climatiques ont un rapport avec la survenance des crises migraineuses : «C'est du moins le cas pour moi.» «Cette situation me cause très souvent des insomnies. Il m'arrive de ne pas fermer l'œil de la nuit pour éviter ces crises», enchaîne-t-il. Chez Hakim, ces crises migraineuses se manifestent sous forme de troubles de la vision, d'intolérance à la lumière et au bruit et de bouffées de chaleur. Quand elles surviennent, «je ne sais plus où j'en suis, j'ai l'impression d'avoir des fourmis sur les bras, relève-t-il. Pis encore, il m'arrive d'adopter des comportements qui ne me ressemblent pas du tout. Il y a quatre mois, d'ailleurs, j'ai conduit comme un fou de Bab El-Oued jusqu'à Alger-Centre, ma femme qui était avec moi dans la voiture n'a rien compris à mon comportement, elle avait les yeux grands ouverts. Dieu merci, tout s'est bien passé finalement. Quand la crise survient la nuit, je passe la journée suivante comme un malade mental.» Pour atténuer les souffrances engendrées par sa maladie, Hakim dit prendre un café et une cigarette, «car cela me soulage vraiment.» Avec le temps, «j'ai appris à vivre avec cette maladie que j'ai adoptée au point d'en faire une amie», ajoute-t-il non sans faire remarquer que la foi en Dieu «m'apporte aide et réconfort.» «Le migraineux a tout à gagner en évitant de penser tout le temps à sa maladie», affirme-t-il en guise de conclusion.