Résumé de la 10e partie n M'hammed vit heureux aux côtés de Flifla, mais son père, toujours jaloux de sa réussite, envoie son vizir crever les yeux de son fils et lui ramener un verre de son sang... Il fit ainsi, remplit son verre de sang et s'enfuit. M'hammed le fils du sultan resta dans la forêt, aveugle, se traînant à genoux, se nourrissant d'herbes et d'insectes. Ses vêtements s'usèrent et tombèrent en lambeaux et ses genoux furent écorchés à vif. Un jour parmi les jours, un oiseau passa au-dessus de lui et dit : — Pauvre M'hammed fils du sultan ! S'il parvient à se redresser et à se mettre debout, il tendra la main vers l'olivier près de lui, en arrachera les feuilles, les mâchera et les posera sur ses yeux alors il guérira. Le prince l'entendit et se dit : «Je vais essayer.» Il réussit à se relever un peu, non sans douleur, tendit le bras, coupa un rameau puis mâcha les feuilles et les posa sur un œil. Le lendemain, il était guéri et recommençait la même chose avec l'autre œil. Il recouvra entièrement la vue. Il se vit dans cet état, fut dégoûté et n'osa revenir au château. Il commença donc à marcher, aperçut au loin un troupeau avec une chamelle qui venait de mettre bas, il s'en approcha et se mit à la téter. Le berger se retourna, appela son fils : — Ahmed, mon fils, est-ce que la chamelle galeuse a encore mis bas ? Je la vois allaitant. — Non, mon père, c'est un homme qui est en train de la téter. Ils allèrent le voir, lui demandèrent pourquoi il était dans cet état. Il leur raconta une histoire et revint tous les jours boire du lait. Un jour, il demanda au berger : — A qui appartient ce grand troupeau ? — Il est à M'hammed le fils du sultan, le pauvre ! Il vivait dans un château merveilleux dans lequel il y a les pommes odorantes qui rendent l'esprit et l'âme, l'oiseau chanteur à l'aile qui répond, le sang des gazelles et Flifla, la fille du sultan des djinns : c'est son père qui, voulant s'en débarrasser, l'a envoyé chercher toutes ces merveilles et la dernière fois, il a envoyé son vizir lui crever les yeux et jusqu'à ce jour on ignore le sort du prince et on ne sait pas où il est. J'ai appris que ce soir, le sultan attaquera le château, tuera le fidèle serviteur Saâd et prendra la femme de son fils. Le prince comprit la gravité de la situation mais ne montra rien au berger, il lui demanda s'il pouvait passer la nuit chez lui, puis prétexta quelque chose à faire et partit. Il se rendit à son Château, vit son père l'assiéger avec près de quarante soldats et Saâd tout seul leur tenir tête. A un moment, Saâd tourna la tête, son regard croisa celui du prince, il le reconnut aussitôt, se faufila jusqu'à lui et chuchota à son oreille : — Comment faire maintenant ? ils m'attaquent et je ne pourrai tenir longtemps, ils vont me tuer. — Tu vas sonder les attaquants pour voir s'ils sont tous du côté du sultan ou s'il y a, parmi eux, quelques honnêtes hommes qui seraient de mon côté. Si tu en trouves, mets-toi à leur tête et appelle les autres au combat, mais avant, laisse-moi faire, j'ai une idée. Il sortit une outre pleine de sang, l'attacha sur le ventre de Saâd, sans que personne s'en aperçût, et lui dit : — Va te battre maintenant, j'ai mon épée à la main et j'attends, au bout d'un moment, fais semblant d'être blessé, le sang coulera de cette outre et on verra alors ce que le sultan a l'intention de faire réellement. Saâd s'exécuta, la lutte commença. Le vizir avança, recula et donna un coup dans le ventre de Saâd, celui-ci tomba dans une mare de sang. Le sultan en fut heureux et soulagé, il se précipita dans le château avec la ferme intention de prendre Flifla. Le prince se dirigea alors vers Saâd, révéla son identité, puis le réveilla : — Lève-toi, Saâd, et frappe avec ton épée ! Saâd ne se fit pas prier, tous les autres reculèrent, effrayés. le prince et son valet les disséminèrent très vite et s'attaquèrent au vizir et au sultan qu'ils abattirent également sans difficulté. Ils furent ainsi débarrassés et vécurent tous les trois, Saâd, M'hammed le fils du sultan et Flifla la fille du sultan des djinns, heureux et en paix, et notre conte traversa la forêt et cette année nous aurons deux et une récolte.