Figure n L'écrivain russe Alexandre Soljenitsyne, 89 ans, prix Nobel de littérature, est décédé à la suite d'une insuffisance cardiaque aiguë, dans la nuit de dimanche à lundi à son domicile à Moscou, a annoncé l'agence de presse Itar-Tass, citant son fils. Soljenitsyne a révélé au monde la réalité du système concentrationnaire soviétique dans ses ouvrages Une journée d'Ivan Denissovitch, Le premier cercle et L'Archipel du Goulag. Prix Nobel de littérature en 1970, il a été privé de sa citoyenneté soviétique en 1974 et expulsé d'URSS. Il a alors vécu en Allemagne, en Suisse puis aux Etats-Unis, avant de revenir en Russie en 1994 après la chute de l'URSS Né le 11 décembre 1918 dans le Caucase, il adhère aux idéaux révolutionnaires du régime naissant et fait des études de mathématiques. Artilleur, il se bat courageusement contre les troupes allemandes qui attaquent l'URSS en 1941, mais il ne voit pas le danger de son côté du front. Ayant critiqué les compétences guerrières de Staline dans une lettre à un ami, il est condamné à huit ans de camp en 1945. L'expérience le marque à jamais et l'engage sur un chemin d'exception. Libéré en 1953, quelques semaines avant la mort de Staline, il est exilé en Asie centrale et commence à écrire, puis revient dans la partie européenne de l'immense pays pour devenir enseignant à Riazan, à 200 km de Moscou. Le nouveau maître de l'URSS, Nikita Khrouchtchev, donne son feu vert à la publication, dans la revue littéraire non-conformiste Novy Mir, d'Une Journée d'Ivan Denissovitch. Le récit sur un détenu ordinaire du Goulag paraît le 18 novembre 1962. Un tabou est brisé. Soljenitsyne continue à écrire, mais ses livres, Le Pavillon des Cancéreux, puis Le Premier Cercle ne sortent qu'en samizdat, les éditions clandestines, et à l'étranger, où ils connaissent un grand succès. En 1970, il reçoit le Prix Nobel de Littérature en 1970, et en 1974, il est expulsé de l'URSS. Après avoir passé plusieurs années passées en exil, Soljenitsyne retourne, en 1994, dans la nouvelle Russie, mais souvent pessimiste, il a du mal à trouver sa place dans la nouvelle réalité post-communiste. Il s'attaque alors à un autre sujet délicat, sinon tabou, les relations entre les Juifs et les Russes, dans un ouvrage Deux siècles ensemble, et dans lequel il déclarait vouloir favoriser leur compréhension mutuelle. Grand historien et écrivain politique, son talent littéraire a fait l'objet de jugements divergents, certains critiques le croyant éminent sur ce plan aussi, d'autres, tel l'écrivain ex-dissident Vladimir Voïnovitch, affirmant que son génie est un «mythe».