La dépouille mortelle de l'écrivain russe Alexandre Soljenitsyne a été exposée au public, hier, à l'Académie des Sciences pour un dernier hommage avant son inhumation, aujourd'hui, dans le cimetière du monastère Donskoï à Moscou. Le cercueil dans lequel repose le Prix Nobel de littérature a été posé, ouvert, sur un catafalque, devant lequel anonymes et personnalités pourront défiler toute la journée. L'épouse de l'écrivain, Natalia, et ses fils étaient présents au début de ces funérailles civiles, à 11H00 (07H00 GMT), qui précèderont les obsèques religieuses, prévues ce jour. Environ 200 personnes, âgées pour la plupart, ont alors commencé à s'incliner l'une après l'autre devant le cercueil qui repose devant un grand portrait en noir et blanc d'Alexandre Soljenistyne. La dépouille de l'écrivain est en partie couverte de fleurs, d'autres reposant au pied du cercueil, entouré par des soldats de la Garde d'honneur. Le Premier ministre Vladimir Poutine est attendu dans la journée, selon la télévision publique. Alexandre Soljenitsyne, décédé dans la nuit de dimanche à lundi à l'âge de 89 ans, défia le pouvoir soviétique en décrivant avec force l'horreur de l'univers concentrationnaire dans une oeuvre monumentale, de L'Archipel du Goulag au Pavillon des cancéreux. Prix Nobel de littérature en 1970, il fut privé de sa citoyenneté soviétique en 1974 et expulsé d'Urss. Il vécut alors 20 ans en exil en Allemagne, en Suisse puis aux Etats-Unis, avant de revenir en Russie, en 1994, après la chute de l'Urss. «Je suis venu parce que dans les années 70, j'ai lu ce petit livre qui a tout changé pour moi», a expliqué Sergueï Aristarkhov, 64 ans, venu rendre hommage à l'écrivain, en montrant une édition de la nouvelle Une journée d'Ivan Denissovitch. «Quand j'ai entendu les informations hier, cela a été un grand choc pour moi», dit-il en larmes. «Il écrivait et n'avait pas peur», renchérit Alexandre Chelioudkov, 34 ans, employé dans la construction. Les hommages ont afflué du monde entier après le décès de l'écrivain. La presse russe a rendu hommage à un «prophète», au «service» de la Russie. «Après avoir surmonté la guerre, la prison et le cancer, il croyait que Dieu l'avait sauvé pour qu'il serve sa patrie, pour qu'il aide la Russie à comprendre sa vraie mission prédestinée», écrit le quotidien Vremia Novosteï.