Il était ce qu'il en était. — Que la paix et l'abondance soient sur toi Notre chambre est en soie, votre chambre est en lin et la chambre de l'ennemi est un nid de souris. Messieurs et nobles Seigneurs, que nous soyons guidés, que vous soyez guidés sur la voie du bien et de la foi. Il était un scarabée femelle, aux yeux cernés de khôl, aux lèvres colorées à l'écorce de noyer, assise sous l'œil du soleil. Passe le chameau qui lui dit : — O scarabée, ô mignonne aux yeux cernés de khôl, aux lèvres colorées à l'écorce de noyer, veux-tu m'épouser ? — Non ! Tes pieds sont très grands, ta tête est très grande et tu es énorme ! Non, je ne t'épouserai pas. Il s'en alla triste et pleurant. Passe le cheval : — O scarabée, ô mignonne aux yeux cernés de khôl, aux lèvres colorées à l'écorce de noyer, veux-tu m'épouser ? — Non, ta tête est très grande, tes jambes sont très grandes et tu es énorme ! Non, je ne t'épouserai pas. Il s'en alla triste et pleurant. Passe l'âne : — O scarabée, ô mignonne aux yeux cernés de khôl, aux lèvres colorées à l'écorce de noyer, veux-tu m'épouser ? — Non, ta tête est très grande, tes oreilles sont très grandes et tu es énorme ! Non, je ne t'épouserai pas. il s'en alla triste et pleurant. Passe le mouton : — O scarabée, ô mignonne aux yeux cernés de khôl, aux lèvres colorées à l'écorce de noyer, veux-tu m'épouser ? — Non, tes cornes sont très grandes, tu es très grand et puis on t'égorgera un jour et je resterai veuve ! Non, je ne t'épouserai pas. Il s'en alla triste et pleurant. Passe la souris : — O scarabée, 0 mignonne aux yeux cernés de khôl, aux lèvres colorées à l'écorce de noyer, veux-tu m'épouser ? — Toi, ta tête est petite, tes pieds sont petits, tes oreilles sont petites et tu es tout petit ! Oui, j'accepte de t'épouser. lIs se marièrent et vécurent heureux ensemble. Un jour, dame scarabée prit le linge sale et voulut le laver dehors. Elle passa près de l'empreinte du pied du chameau devenue une mare pleine d'eau, elle se dit : «Non, je ne laverai pas mon linge ici, il se peut que j'y tombe !» Elle passa près de l'empreinte du sabot de l'âne et se dit : «Non, je ne laverai pas mon linge ici, il se peut que j'y tombe !» Elle passa enfin près de l'empreinte du mouton et se dit : «Ah ! Cette mare me convient parfaitement !», et commença à laver son linge. Brusquement, elle glissa, se renversa sur le dos et tomba dans la mare. Elle se mit à crier très fort. Passa le chameau qui, entendant ses cris, s'approcha et lui dit : — O scarabée, 0 mignonne ! Donne-moi ta main, je te sortirai de là. — Ah, non, tu me prendras mon bracelet ! Donne-moi ton pied ! — Ah, non, tu me prendras mon anneau ! — Donne-moi ton oreille ! — Ah, non, tu me prendras ma boucle ! Donne-moi ton cou ! — Ah, non, tu me prendras mon collier ! Passa le cheval, puis l'âne et ce ne fut que refus. Passa enfin le mouton, il essaya à son tour, mais, en vain. Dame scarabée lui dit : — Va me chercher monsieur souris. Le mouton s'exécuta et monsieur souris ne tarda pas à venir : — Donne-moi ta main ! Et dame scarabée tendit la main et se retrouva hors de la mare. Ils rentrèrent tous les deux. Monsieur souris avait apporté un collier de viande. Il le donna à dame scarabée qui le mit à cuire dans la grosse marmite. Entre-temps, elle sortit chercher de l'eau. Monsieur souris vint surveiller la marmite, se pencha pour la remuer, tomba dedans et mourut. Dame scarabée rentra plus tard et vint voir la marmite, elle remua et vit apparaître monsieur souris avec ses petites moustaches, ses petites oreilles. Elle hurla de douleur, se frappa la tête, jeta la marmite qui se cassa. Puis, prit de la suie dessus, s'en enduisit le visage et alla s'asseoir sous le mûrier.