Victoire n Même s'ils se montrent toujours insatisfaits des propositions de Bruxelles, les professionnels de la pêche européens ont réussi tout de même à arracher des acquis indéniables. La Commission européenne a adopté un plan d'urgence de 600 millions d'euros pour les pêcheurs afin de compenser la hausse des prix des carburants et les effets de la surpêche. Le dispositif prévoit des aides à l'arrêt temporaire des campagnes de pêche moyennant un «engagement» des patrons pêcheurs à participer à des programmes d'adaptation des flottes. «En raison des prix élevés du carburant et de la surcapacité chronique des flottes, le secteur européen de la pêche est aujourd'hui en crise», avait-on, alors, estimé. Après bien des conflits ayant opposé armateurs européens à leurs gouvernements, la Commission européenne a enfin reconnu «la nécessité d'aider le secteur à s'adapter aux nouvelles réalités», selon les déclarations de Joe Borg, commissaire européen aux affaires maritimes et à la Pêche. «Les mesures proposées par la Commission reposent sur la réduction de la surcapacité, la diminution de la dépendance vis-à-vis du carburant et la mise en œuvre de mesures de marché pouvant aider les pêcheurs à accroître la valeur en première vente de leur poisson», a-t-il ajouté. Pour rappel, une succession de grèves dans les ports de France a fait tache d'huile pour s'étendre à tous les pays de l'Union. Les motifs de la colère des pêcheurs européens : une augmentation de 240% des prix du combustible marin enregistrée depuis 6 ans. Des professionnels de quatre pays européens (Italie, Portugal, France et Espagne) ont ainsi appelé à une grève illimitée. Face à la montée en puissance de la protestation de pêcheurs, les responsables européens ont convenu d'une réunion d'urgence afin de juguler la crise. Des propositions ont été émises par la Commission européenne, sans qu'elles aient toutefois satisfait les pêcheurs notamment français. Ceux-ci ont qualifié les propositions de la CE de «mascarade». «Je ne peux rien faire sans Bruxelles», leur a répondu Michel Barnier, ministre français de l'Agriculture et de la Pêche au lendemain de son retour de Belgique le 20 mai 2008. La veille, il avait assisté au Conseil des ministres de l'Agriculture et de la Pêche de l'UE. M. Barnier avait déclaré aux pêcheurs français mobilisés qu'ils pourraient recevoir «prochainement» les aides annoncées en janvier dernier. Au début de cette année, un plan pour une pêche «durable et responsable» avait été mis en place par le gouvernement français. Ce plan rassemble 310 millions d'euros pour les trois prochaines années et bénéficie «aux pêcheurs particulièrement touchés par un contexte actuel difficile, notamment en raison de la hausse du prix du gazole».