Affection n «Il faudrait que la maman donne le sein avec amour et passion», suggère une sage-femme au niveau d'un centre de santé à Alger-centre. «Les jeunes mamans actuellement n'ont pas cette patience alors que le lait maternel se digère très vite. L'enfant au bout de moins d'une demi-heure a encore envie de téter ce qui représente chez certaines mamans une contrainte et un dérangement oubliant qu'aucun lait ne peut se rapprocher ni être comparé au lait maternel», explique-t-elle. La sage-femme évoque des cas de bébés évacués vers l'hôpital pour des problèmes de santé graves du fait que «les mamans stérilisent mal les tétines et les biberons alors que l'enfant qui est au sein n'a pratiquement pas besoin de ce bout de caoutchouc car il n'aime ni la sucette ni le biberon.» Elle met en garde toutefois les mamans : mieux vaut donner un biberon avec amour que de donner le sein à contrecœur car l'enfant pourrait vomir. «A chaque fois que la maman vient nous voir avec son enfant, on lui donne des conseils dans le cadre de l'éducation sanitaire au quotidien», ajoute-t-elle en suggérant de consacrer des placards et des affiches publicitaires pour expliquer les bienfaits du lait maternel au lieu de faire de la pub pour les différentes marques de lait infantile industriel.» Aux Etats-Unis, signale-t-elle encore, des affiches collées dans la rue incitent la maman à donner le sein à son bébé quel que soit l'endroit où elle se trouve. Les mamans avancent cependant plusieurs raisons pour expliquer l'abandon de l'allaitement maternel. Certaines le voient comme une méthode contraignante qui les contraint d'être tout le temps à côté du bébé. «Je n'ai ni le temps ni la patience pour allaiter mon bébé», avoue Fatma, une enseignante qui vient d'avoir son premier enfant. Le phénomène touche même certaines femmes au foyer. Deux belles-sœurs vivant sous le même toit, Rabéa 36 ans (1 enfant de 2 ans) et Salima, 33 ans (2 enfants de 6 et 11 ans) révèlent qu'elles n'ont allaité leurs enfants que pendant quelques semaines. «Je n'ai pas eu le temps de les allaiter avec la contrainte des tâches ménagères quotidiennes et la fatigue», reconnaît Salima. Pour elles, cela fait plus émancipé d'avoir un biberon, un chauffe-biberon et toutes les nouveautés du genre. Ce phénomène a commencé à prendre de l'ampleur depuis une quinzaine d'années et il ne semble pas y avoir une quelconque relation avec le travail des femmes comme le prétendent certaines. Nombreuses, en effet, sont les femmes au foyer qui optent pour le biberon plutôt que le sein. Notre interlocutrice, sage-femme, trouve ridicule l'idée selon laquelle plus on allaite, plus le sein est abîmé. Au contraire, il est moins abîmé quand on allaite souvent. Pour illustrer l'importance de l'allaitement maternel, la sage-femme cite l'exemple de 2 frères âgés actuellement de 15 et 22 ans, intelligents, affectifs, sensibles et brillants dans leurs études «parce que leur maman les a allaités au sein tous les deux jusqu'à l'âge de 2 ans et demi. «Ils sont très affectueux envers moi et leur père et ils ont un quotient intellectuel élevé. Croyez-moi, les parents ne le regretteront pas plus tard. La maman devrait allaiter son bébé», témoigne l'heureuse maman.