Résumé de la 2e partie Un jour on a retrouvé Dick mort cliniquement d?une surdose à côté d?une fillette de 14 ans. Elsa bondit de sa chaise : «Il a eu trop de peine, trop d?ennuis, trop de malheurs? J?aimerais qu?il s?arrête, mais c?est trop lui demander d?un seul coup? Pas maintenant. Il se fera soigner plus tard, quand il aura oublié. ? Plus tard ? Quand ? Oublié quoi ? Que tu as tué son père, c?est ça ?» Dick se met à hurler : «Non ! Non ! Ne dis pas ça ! Je te défends de dire ça ! Je te défends. C?est pas vrai. Elle n?a rien fait, rien !» Le petit salon aux meubles de bois peint a résonné de ses cris, et le chat lui-même a craché de peur, en s?enfuyant, le poil rebroussé. Grand-mère Andrea se lève, s?approche de son petit-fils, et le gifle posément. «Du calme. Ne te mets pas à délirer chez moi. Ici, on enferme les toxicomanes jusqu?à ce qu?ils crèvent, ou qu?ils s?en sortent. Alors du calme !» Dick se calme instantanément et se met à pleurer. Puis la grand-mère décide : «Bon. Je crois que le mieux est de tout me dire maintenant. De toute façon la mère de Peter a demandé à la police de faire des recherches. Donc vous serez interrogés. Voyons ça tranquillement.» Et elle s?installe à nouveau dans son vieux fauteuil, tandis que le chat reprend sa place avec méfiance, sur ses genoux. Il est tout à fait exceptionnel qu?un drame familial aussi grave nous soit rapporté avec autant de précision. Mais la grand-mère de l?Est est un être exceptionnel. Elle a connu deux guerres et, veuve, elle y a perdu ses fils. L?un de ses fils, enrôlé dans l?armée d?Hitler, s?y est conduit de manière si admirable selon l?éthique nazie, et si monstrueuse selon la simple humanité, qu?elle l?a vu fusiller en 1946. Son commentaire à ce sujet, celui d?une mère pourtant, montre qui est cette femme : «Mon fils a eu ce qu?il méritait, pour la justice des hommes, et moins qu?il ne méritait, selon moi, qu?on ne m?en parle plus.» Quand le mur de Berlin a surgi devant elle, coupant en deux ce qui lui restait de famille, elle est restée à l?Est dans son petit appartement. Sa fille Elsa vivait à l?Ouest avec son époux. Commentaire à ce sujet : «Ouest, ou Est? un mur n?est qu?un mur, il barre l?horizon, pas la mémoire, c?est tout ce que peut faire un mur.» Voilà qui est grand-mère Andrea. Voilà pourquoi elle s?attaque avec autant de certitude à sa fille Elsa et à son petit-fils Dick en leur disant : «Bon. Je crois que le mieux est de tout me dire maintenant? Qui a tué Peter ?» Dick pleure toujours sur l?épaule de sa mère, il tremble et renifle, et bafouille : «On était bien tous les deux, hein maman ? Pourquoi elle nous fait ça ? Dis? Pourquoi? Elle ne nous aime pas ! Elle est comme papa. Ne lui dis rien, c?est une méchante femme. On n?a qu?à partir? Qu?est-ce que tu veux qu?elle fasse à l?Est ? Personne ne la croira !» La grand-mère soupire : «Je comprends ton père, et les claques qu?il te distribuait, mon pauvre garçon. Décidément tu es pire qu?une larve. Lâche ta mère, et viens ici ! Viens ici je te dis ! Regarde-moi, imbécile. Que tu aies tué ton père, et je crois que c?est toi qui l?as fait, c?est une chose. Mais que tu te caches comme un cafard, que tu n?oses pas le dire tout haut, ça, je ne le supporte pas ! Ta grand-mère paternelle a déposé une plainte il y a une semaine, elle me l?a dit au téléphone. Elle habite à l?Ouest, comme vous. Et la police sera là demain, ou dans quelques jours. Tu t?es regardé ? Tu te vois devant un policier ? Mais pauvre fou, tu ne tiendrais pas une seconde. Alors parle. Je veux savoir, je veux décider moi-même ce qu?il y a lieu de faire.»( à suivre...)