Résumé de la 8e partie n Faulds, ne trouvant pas de soutien en Angleterre, écrit au préfet de police de Paris. Mais celui-ci s'apprête à lancer les projets d'un autre inventeur. On ne peut pas dire qu'Alphonse Bertillon, employé aux écritures au premier bureau de la préfecture de Paris, soit un homme cohérent. C'est pourtant le fils de Louis-Adolphe, ami de Michelet et proche du mouvement ouvrier, un médecin réputé et un spécialiste des sciences humaines, qui s'est beaucoup penché sur la démographie. Son frère aîné, Jacques, était aussi un savant, qui a donné à la statistique son cadre théorique. Alphonse, lui, s'était peu intéressé aux études. Son père l'a envoyé en Ecosse où il a été un temps précepteur. De retour en France, il parvient, en usant de ses connaissances, de lui trouver un poste d'employé à la préfecture de police de Paris. C'est là, dans son obscur bureau qu'Alphonse, révolté que les délinquants récidivistes puissent échapper sans difficulté à la police, a élaboré une nouvelle méthode d'identification. C'est l'anthropométrie, une technique de mesure des différents éléments du corps. Bertillon est parti de la constatation que les hommes présentent tous les mêmes proportions et que les tailles, en fonction de sexe et de l'âge, sont à peu près égales, mis à part les cas de gigantisme ou de nanisme. En revanche, certains éléments comme la couleur des yeux, celle des cheveux, certains éléments de la constitution osseuse diffèrent et peuvent donc aider à identifier un homme. Alphonse Bertillon a déterminé tous ces éléments et a procédé à leur classification : ainsi, il suffisait, pour chaque délinquant arrêté d'établir sa fiche anthropométrique, pour l'identifier, en cas de récidive. Le docteur Louis Bertillon, à qui son fils expose sa méthode, est charmé. Il lui propose aussitôt de l'exposer au préfet de police, Andrieux. Alphonse est timide, mais son père insiste et le jeune homme se présente devant le préfet. Il expose sa méthode, mais il se montre si maladroit, qu'il s'embrouille dans ses explications. — Je ne comprends rien, dit le préfet ! Mais Alphonse, déstabilisé, s'embrouille encore plus. — Retournez à votre bureau, et si vous parlez encore de vos idées farfelues, vous ne tarderez pas à être mis à la porte ! Le préfet écrit au docteur Louis Bertillon. «Votre fils a des idées saugrenues, qui, au lieu d'aider la police, risquent de l'embrouiller. Dites-lui de rester dans son coin et de s'occuper du travail qui lui a été confié, autrement, je serai contraint de lui signifier son congé !» Le jeune Alphonse doit retourner à son travail et y moisir encore quelques années. puis Andrieux prend sa retraite, en 1881. Jean Camescasse lui succède. — Il faut tenter ta chance avec lui, dit le père au fils. — Ce sera encore l'échec. Mais le docteur insiste et, usant encore de ses connaissances il obtient un rendez-vous. Alphonse se rend au bureau du nouveau préfet. Il est encore plus brouillon que d'habitude mais Camescasse lui coupe la parole. — Je vous donne trois mois pour tester votre nouvelle méthode, si au bout de ce temps, vous permettez l'arrestation d'un récidiviste, nous pourrons en discuter !