Film n La lutte des Indiens guaranis pour exister au sein de la société brésilienne et le désespoir qui les mène au suicide dans les réserves où ils sont forcés de vivre a ému la Mostra avec Birdwatchers. Ce film entré en compétition hier lundi , pour le Lion d'or fait partie des 21 en lice pour les prix qui seront remis le 6 septembre par le président du jury, le cinéaste allemand Wim Wenders. Birdwatchers, de l'Italo-argentin Marco Bechis, a apporté une charge d'émotion à la mostra. Une barque glisse en silence sur une rivière, au cœur d'une forêt du Mato Grosso du sud, à la frontière entre le Brésil et le Paraguay. Des touristes y observent aux jumelles un groupe d'Amérindiens, le visage peinturluré de rouge et l'arc à la main, sur la rive. Ils se dévisagent en silence, puis les Amérindiens s'en retournent dans la forêt... où ce petit numéro ethnographique est rétribué, tandis que les peintures rituelles disparaissent sous des jean's et des tee shirts. Cette scène liminaire donne le ton : Birdwatchers montre l'envers de l'exploitation, mais aussi la fascination réciproque qui, dans la région, lie les Guaranis aux descendants de colons aujourd'hui propriétaires de vastes exploitations de soja transgénique. Le film suit la révolte menée par le chef Nadio (Ambrosio Vilhalva) qui après le suicide de deux adolescentes, décide de retourner avec quelques familles, sur la «terre des ancêtres». Ils campent le long d'une vaste propriété terrienne ou fazendeira, et sont bientôt surveillés jour et nuit, par un employé armé. Evitant tout manichéisme, Marco Bechis dépeint finement le face-à-face qui s'instaure, fait d'intimidations et d'esquives mais aussi de tentatives d'approche, en particulier l'idylle entre Osvaldo (Abrisio Da Silva Pedro), l'apprenti shaman, et la fille du propriétaire. Il montre l'impasse où se trouve une population privée de la forêt, aujourd'hui rasée, qui lui permettrait de vivre selon leur culture ancestrale. La musique baroque du film a été composée au XVIIIe siècle par un missionnaire jésuite venu christianiser les Guaranis, a expliqué le cinéaste, qui a enquêté avec le concours de l'ONG Guarani-Kaiowa Survival. «Les Guaranis-Kaiowa ont survécu à l'un des plus grands génocides de l'Histoire», a affirmé Marco Bechis, auteur en 1999 de Garage olimpo qui évoque les tortures perpétrées par la dictature argentine (1976-1983). Hier la Mostra a découvert deux autres films en compétition. Milk des Turcs Semih Kaplanoglu et Melih Selçuk, suit Yusuf, un garçon doué pour la poésie qui vit avec sa mère veuve et l'aide à faire des fromages, à la campagne. Lent et très inégal, Milk a découragé une partie de l'audience, déjà clairsemée, de la projection de presse, en multipliant les plans «auteuristes» : mise au point volontairement floue, éblouissante lumière électrique en gros plan pendant plusieurs minutes... L'Américain Vegas : based on a true story d'Amir Naderi, suit la dérive d'une famille modeste de Las Vegas, persuadée d'avoir un trésor enfoui dans le jardin. Cette petite tragi-comédie originale se prêtait davantage à un court-métrage.