Réputation n Au marché «Tnach» (12 en arabe) de Belcourt, l'activité souterraine, profitant à une population en majorité juvénile, a le vent en poupe. Une expansion phénoménale que l'ancienne génération native de l'ex-rue de l'Union supporte mal. Nostalgiques de ce que fut jadis le marché «Tnach» et l'actuelle rue Mohamed-Guerfi, ils évoquent leurs souvenirs avec déception. «Avant, il n'y avait pas tout ce désordre. Pourtant, le quartier abritait des gens de différentes origines : des Algériens, des Espagnols, des Français, des Italiens, des juifs… vivant en parfaite cohabitation. Inutile de vous parler de la propreté qui y régnait», regrette un septuagénaire qui gère un magasin d'emballage au bas du marché, autrefois Place Jeanne-d'Arc. Voilà ce qu'étaient aux yeux de nos aînés, le quartier et le marché. Ce dernier ne conserve, hélas, que le nom qu'il doit, nous dit-on, à l'heure de sa fermeture. Cet espace qui a longtemps accueilli de véritables commerçants, est, aujourd'hui, animé par des vendeurs de toute sorte de produits souvent «made in China». Poussés le plus souvent par le chômage et l'échec scolaire, des centaines de jeunes ont envahi les trottoirs du quartier. Peu gâtés par la vie, l'appât du gain est devenu leur priorité. Installés derrière un carton, une caisse en plastique, un chariot, ils proposent toutes sortes de produits. Ce sont des centaines de millions de centimes qui sont brassés quotidiennement dans cet espace. L'ampleur de cette économie parallèle, les pertes induites par cette évasion fiscale à la barbe des agents censés contrôler la situation, le nombre de jeunes activant dans cet espace, autant de questions auxquelles nous aurions aimé répondre. Mais nos demandes d'entretien adressées au P/APC de Mohamed-Belouizdad sont restées lettre morte. Sur place, les difficultés de coexistence entre les résidents du vieux quartier et les squatters des trottoirs sont de plus en plus visibles. Elles sont essentiellement liées aux problèmes de circulation, de bruits divers, d'obscénités… Profitant de notre présence sur les lieux, les résidents n'y sont pas allés avec le dos de la cuillère pour dénoncer la situation. «La dégradation du quartier continue au vu et au su des autorités locales. Celles-ci ne semblent guère se soucier des préoccupations de ces jeunes et encore moins des locataires des lieux», s'indigne Mohamed, ancien marchand de légumes. Loin de tous ces tiraillements, les clients restent fidèles à cette rue commerçante. Il est 9h, devant les portes d'entrée des magasins, les jeunes vendeurs s'activent. Certains agenouillés, apportent les dernières retouches à leurs marchandises soigneusement présentées. Des pièces de draperie délicatement plissées, de ton neutre. A quelques mètres de cet empilement de coupons, des articles pour enfants sont vendus pour rien : 250 DA la pièce. Des petites robes pour fillettes, ensemble short-chemise pour garçon, tout un étalage d'été aux couleurs vives et chatoyantes. Un peu plus loin, c'est de la vaisselle de toutes sortes qui est étalée. Les prix affichés semblent intéresser plus d'un.