Comme chaque ramadan depuis 37 ans, le tambourin de Mohamed Fannas réveille les musulmans de Saïda, la grande ville du sud du Liban, pour qu'ils mangent avant le long jeûne de la journée. Ce jeune, tout au long de l'année serveur dans les cafés, se transforme en «réveilleur» durant le ramadan. Mais cette année, il se demande s'il résistera à la concurrence des «réveilleurs» par sms ou autre outil de la modernité. Depuis l'âge de 15 ans, il est «messaharati», la personne qui réveille les fidèles pour le «s'hour». Chaque nuit de ce mois, il sillonne les ruelles du Vieux-Saïda. Il troque ses habits modernes pour une traditionnelle djellabah et un bonnet blanc et emporte ses outils de travail : son tambourin et sa lanterne. «Réveille-toi dormeur. Réveille-toi et appelle le nom de Dieu», répète-t-il en appelant un à un les habitants. «Chaque ramadan, j'essaie de perpétuer la tradition du messaharati, mais je crains d'être une espèce en voie d'extinction», dit M. Fannas. Aujourd'hui, place aux messageries modernes qui traversent les rues en voiture équipée de haut-parleurs diffusant rapidement et sans fatigue un enregistrement. Les messages texto sont un autre moyen moderne utilisé. Ainsi, le messaharati ne se fatigue pas, il réveille une centaine de personnes en une minute. «Mais c'est trop impersonnel à mon goût», estime Fannas. «Les habitants d'un certain âge préfèrent les réveilleurs traditionnels et les attendent d'année en année», se vante-t-il.