Tout au long du mois sacré de ramadan, certains sont groggy. Ils veillent la nuit, forcément les bras de Morphée les invitent durant la journée. «Moi, je me réveille deux heures ou une heure avant la rupture du jeûne, et je ne m'endors que vers six heures, pendant ce mois. Je deviens noctambule, je ne vis que la nuit, je suis chômeur», nous dira un jeune homme. Et d'ajouter: «Il me faut beaucoup de temps pour m'adapter au rythme du ramadan, il en sera de même après ce mois». Circuler en ville le fatigue vite, il a envie de prendre un café et de fumer une cigarette; il devient irascible, un rien l'énerve, un passant le toise, et cela le met hors de lui. Aussi préfère-t-il rester à la maison, et surtout dormir. Certains, plus assommés que lui par le jeûne, pour cacher ce fait, se prennent à montrer leur force de résistance, ils taquinent leurs amis et même des passants, et s'amusent à les contrarier, à les embêter - ce qui risque de dégénérer en brouille - et après coup, on accuse le ramadan pour avoir bonne conscience. De fait, durant ce mois, tout ce qui ne marche pas est aisément imputé au fait qu'on jeûne. Les nerfs, à fleur de peau, on commet l'irréparable, et c'est lui qui nous fait faire cela ! Beaucoup de rixes, des bagarres violentes pouvant entraîner mort d'homme ont lieu durant les journées voire à quelques minutes de la rupture du jeûne. A Biskra, il n'y a qu'à faire un tour en ville pour s'en convaincre.