Le hasard a voulu que la décision de justice relative au gel des activités du parti du FLN tombe à la fin de l?année. C?est vrai qu?il n? y a pas de second tour des élections comme en 1991 à la veille de la décision des autorités d?arrêter les législatives remportées par l?ex-FIS dès le premier tour. Mais la comparaison tient tout de même à la similitude que présente l?enjeu électoral. Le «pronunciamiento juridique» dont Ali Benflis accuse le président de la République pour commenter le gel des activités de son parti, va-t-il susciter une intervention de l?armée ? Une intervention de l?armée, du reste très souhaitée par la classe politique, mais dans le sens de sa neutralité par rapport à la future élection du président de la République. Or avec le verdict qui vient de frapper l?ex-parti unique, les soupçons de fraude qui pesaient sur les futures élections vont se renforcer, voire décourager plus d?un candidat de se présenter à la présidentielle de 2004. Les dissidents du FLN conduits par le ministre d?Etat, ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, ne font pas mystère de leur soutien à Abdelaziz Bouteflika, lequel a déjà obtenu le soutien du RND d?Ahmed Ouyahia. A priori, en s?offrant le FLN sur un plateau d?argent, Bouteflika annonce, d?ores et déjà, la couleur d?une élection fermée. Les pouvoirs publics apportent, encore une fois, la preuve que la justice est instrumentée par l?Exécutif à son profit exclusif. L?armée, qui s?est engagée à ne soutenir aucun candidat, va-t-elle observer le silence sous peine d?être accusée de «complicité» avec l?actuel chef de l?Etat ? Pourtant, dans son ensemble, la classe politique n?a pas cessé, ces derniers temps, de multiplier des appels en direction de l?ANP pour qu?elle pèse de tout son poids en vue d?imposer la neutralité de l?administration. Des personnalités comme, Ahmed Benbitour et Ahmed Taleb Ibrahimi, posent ce dernier critère comme la condition de leur participation dans la future consultation. Aït Ahmed a même remis en cause l?ensemble du processus électoral en demandant le report de la présidentielle afin de l?accoupler à une élection constituante, le tout avec l?approbation de l?armée.