Le plus médiatisé des prisonniers algériens, Ali Benhadj, s'est rendu hier au siège du FLN pour manifester son soutien au secrétaire général du parti. Benflis n'a pas reçu dans son bureau le visiteur inopportun qui a tenu à marquer sa présence au sein du siège du FLN à Hydra. Le déplacement de Benhadj à Hydra revêt un caractère plus que symbolique. Aussi, Benhadj veut-il faire un parallèle entre le FIS dissous dont il était le numéro 2 et la crise que subit actuellement le FLN. Dans cette optique, deux chapitres se dégagent dans ce «déplacement-message» de Benhadj. Le premier est qu'il veut consacrer le statut de victime pour son ex-parti. En d'autres termes, «l'injustice» subie par l'ex-FIS sévit toujours et rien n'a changé depuis. Le second se résumerait à cette phrase: «Regardez ce qui m'est arrivé, évitez donc à ce que l'on dise l'ex-FLN.» En effet, à lire les réactions des différents partis politiques, la situation rappelle celle qui a prévalu à la veille de l'arrêt du processus électoral de 1991. Des appels au calme, à la sagesse, à la retenue politique et même à l'institution militaire pour intervenir. «Empêché» d'accéder au pouvoir suite à l'avortement des législatives de décembre 1991, le FIS a plongé dans la spirale de violence dont la société algérienne subit les conséquences à ce jour. La décision de la chambre administrative de la cour d'Alger notifiant le gel des activités et des avoirs du FLN a suscité une condamnation unanime de la classe politique nationale. La décision a provoqué l'émoi des militants de base du parti majoritaire et choqué en profondeur de larges couches de la société. Comme conclusion aux deux lectures faites sur ce déplacement de Benhadj, elle ne peut porter que sur le plan électoral. Il est évident que la base de ce qui reste du FIS dissous, les sympathisants, qui demeurent encore fidèles à Benhadj, sont définitivement perdus pour le promoteur de la concorde civile, Abdelaziz Bouteflika. Notons enfin que plusieurs personnalités politiques, hommes de culture et figures historiques, se sont rendues au siège du parti pour apporter leur soutien au candidat du FLN à la présidentielle de 2004 suite à cette décision. Aussi, Ahmed Taleb Ibrahimi, Djaballah, pour ne citer que ceux-là, ont été reçus par Ali Benflis dans son bureau.