Ambiance n Il est 20h30 en ce week-end de ramadan à Koléa. La route d'Alger est plus animée que d'habitude. Des jeunes attendent devant le café Olympique de M. Achour, des gobelets de café ou de thé à la main, grillent des cigarettes et discutent en attendant le début de la soirée au 1er étage. Les mélomanes du chaâbi, jeunes et moins jeunes, sont tous là. Un silence absolu et un calme trop «kheloui» vous permettent d'entendre de belles voix bénévoles. Le café Olympique, tout comme le café des Sports, vibrent au son de la zorna, reproduisant la même ambiance que celle des cafés El-Bahdja et USMA d'Alger, ou celui de la place Ettoute de Blida. Une scène traditionnelle est dressée, avec une longue table garnie de gâteaux, de confiture de nèfles ou d'oranges pour créer cette ambiance. Entourés de leurs fans, les artistes sont là pour se produire bénévolement. Même ceux qui ont quitté le chant pour des raisons de santé viennent apporter leur soutien moral, voire matériel à ce genre de soirées qui transforment chaque jeudi les deux cafés en hauts lieux du kheloui, le style musical cher au regretté Cheikh M'hammed Bourahla. Ces soirées dépassent le cadre étroit de Koléa par le flux important de mélomanes et d'artistes qui viennent de Blida, d'Alger, de Médéa, de Chlef et des différentes localités de la wilaya de Tipaza. Les amoureux du «kheloui» de cheikh Bourahla, du «Cardinal» El-Hadj M'hamed El-Anka, de Rachid Nouni, de Abdelouahab Louda et bien d'autres sommités du chaâbi ne peuvent rater, pour rien au monde, pareilles soirées qui les font voyager dans le passé. Il s'agit, de l'occasion pour se rappeler ces maîtres qui ont marqué notre patrimoine culturel et grâce auxquels sont nés de jeunes talents qui offrent aujourd'hui des moments de loisir non seulement aux jeunes mélomanes, mais également aux anciens. «On peut faire de belles choses sans argent», résume Ammi Nadhir Achour, un mélomane et l'un des organisateurs de ces soirées. Plus de 200 mélomanes du chaâbi sont déjà dans le café Olympique, connu aussi sous l'appellation «Café Achour» ou «Café des artistes» chez M'hamed, sur la route d'Alger. On y trouve un grand nombre de personnes âgées, en majorité de Koléa. «Je suis très heureux. Ces soirées m'ont permis de rencontrer des artistes et des amis que j'ai perdus de vue depuis plusieurs années», affirme Achour Nadhir. Les autres organisateurs assurent qu'ils veulent rendre à la ville de Koléa sa vocation initiale en matière de culture «chaâbie» afin de prendre la relève des anciens. L'objectif est également de permettre aux jeunes de la localité d'écouter le chaâbi dans leur ville, estimant inconcevable qu'ils aillent le faire loin de la ville où il a grandi. Certains mélomanes et même des chanteurs vont jusqu'à Chéraga et Beni Messous pour assister à ce genre de soirées ou les animer. La soirée a débuté, comme chaque jeudi, au rythme de la zorna de la troupe El-Asala de Koléa dirigée par Nasreddine Guidoum. Lui-même organisateur, l'artiste se rappelle les soirées animées dans son enfance par les artistes locaux au café Al-Ariche et de celles de la maison des jeunes, au siège d'El-Basatine, à la salle de cinéma de la ville et à la salle des fêtes communale : «C'étaient de vraies soirées chaâbies traditionnelles avec le décor, la scène… Nous voulons faire revivre cette ambiance.»