Situation n 6 000 habitants perchés sur une colline à 400 m d'altitude, entassés dans quelques ruelles, et une artère principale qui ne mène nulle part. Ce centre est le premier lieu d'habitation et le lieu où a été enterré le saint andalou Sid-Ahmed El-Kebir, celui qui conçut, en 1535, la ville de Blida, à l'image de la Grenade perdue. Cul-de-sac où des camions de Nestlé et les rares bus assurant la navette, amorcent le demi-tour afin de «redescendre» vers la ville Sidi El-Kebir qui n'arrive plus à se fixer une âme. Comment expliquer l'Histoire du lieu et de la ville qui a évolué «en bas» ? Rares sont les élèves de Blida qui peuvent expliquer le développement de la ville et aucune assemblée élue n'a daigné penser à éditer un livret à distribuer à tous les potaches. L'école de ce village dépendant de la commune-mère de Blida offre le minimum d'enseignement aux quelque 250 enfants scolarisés ainsi qu'un repas — c'est le plus important — à midi. Une situation de précarité vécue par les enseignants et les élèves au voisinage d'une décharge publique et des toilettes qu'il serait judicieux de réparer. Quatre logements promis et non distribués et un projet de mosquée restant à l'état de plan : voilà une situation au voisinage de l'école qui porte préjudice à la qualité de l'enseignement dispensé. Des logements de fonction sont devenus des abris pour des familles sinistrées alors que deux enseignants affectés à cette école, suite à la fermeture de celle de Beni Sbiha – un lieu situé à quelques kilomètres dans les montagnes de Chréa —, logent dans des habitations précaires. Pas de bibliothèque dans l'établissement ou ailleurs et seule une distribution de prix «sponsorisée» par Nestlé au mois de juin dernier avait quelque peu animé l'espace avec un théâtre ambulant «Le Petit théâtre» de Blida. Les trois à quatre mois de vacances sont synonymes de vide culturel pour les jeunes de Sidi El-Kebir. «Ils auraient pu leur organiser des sorties à la plage», regrette un père de famille adossé à un mur et suivant des yeux quelques enfants courant derrière un ballon. Le mausolée, pas très loin, abrite, dans l'environnement immédiat, des familles réfugiées après les risques d'éboulement de leurs chambres ailleurs en ville. «Des coupures d'eau sont programmées dans ce lieu qui n'a jamais vu sa source tarie : c'est le signe de la fin du monde», estime une vieille dame qui fait partie du décor. L'ancien dispensaire est occupé par deux familles et le centre de soins se trouve ainsi décalé plus bas, près d'un bureau de poste digne du far-west. Poussière et mauvaises herbes à l'extérieur font dire à un accompagnateur qu'il ne manque que la diligence. Un des représentants du village rapporte un autre fait paraissant étrange pour ceux qui connaissent bien la région : la facture de l'eau. «On nous envoie des factures de plus d'un million de centimes pour une eau qui nous appartient, même si nous savons que les richesses du sous-sol appartiennent à l'Etat ! Des réductions devraient être accordées à une population dont la majorité des hommes est au chômage, une région qui a souffert du terrorisme et qui souffre encore du manque d'égards des autorités.»