Il était ce qu'il en était. — Que la paix et l'abondance soient sur toi ! — Notre chambre est en soie, votre chambre est en lin et la chambre de l'ennemi est un nid de souris. Messieurs et nobles Seigneurs, que nous soyons guidés, que vous soyez guidés sur la voie du bien et de la foi. Il y avait un homme très riche – Que chaque aimé possède autant que lui : des maisons, des champs ! ... – mais il n'avait pas d'enfants. Il était allé plusieurs fois se faire soigner avec sa femme, mais aucun remède ne les rendit fertiles. Un jour parmi les jours, les hommes étant réunis, l'un d'eux lui dit : — Il y a un vieil homme qui soigne avec les herbes, il habite tel endroit va le chercher et invite-le chez toi. Le lendemain, il alla quérir le vieux guérisseur et l'installa chez lui. Quelque temps après, il lui demanda : — Examine-moi, trouve-moi un remède arabe ! Je suis sans enfants et j'ai tous les biens. Je veux un enfant, même si je ne fais que le voir et mourir ! Le vieux l'examina et dit : — Tu peux avoir un enfant, mais tu mourras sept jours après sa naissance ! — ça ne fait rien ! Pourvu que je voie mon enfant, même sept jours seulement, que je me rassasie de lui et que les autres sachent que j'en ai un ! Le guérisseur lui donna un remède, il le prit. Quelque temps après, sa femme fut enceinte et accoucha d'un garçon. Ils en furent ravis : «Quelle chance ! Nous avons un garçon !» Les gens, quant à eux, furent surpris et se demandèrent comment il avait pu enfanter . Le septième jour, le mari mourut. Le bébé grandit, devint adolescent, mais était – Que Dieu te protège ! – un enfant du mal. Prodigue, il dilapida les biens de son père : il vendit les maisons et se saoula avec l'argent, vendit également les magasins et joua leur prix. Bientôt, il ne resta plus que la maison où il vivait avec sa mère. Un jour parmi les jours, il la vendit, dissipa l'argent dans les beuveries et le jeu. Puis erra avec sa mère dans les rues. Epuisés, ils s'installèrent sous un arbre, loin de tout, dans le désert total. Ils n'avaient ni nourriture, ni eau et étaient presque nus sous leurs haillons. Passa un homme, le garçon l'arrêta : — Donne-moi tout de suite à manger et à boire ainsi qu'à ma mère. Nous avons passé la nuit le ventre vide ! — Mon don à moi ne te durera pas longtemps, mais j'ai mieux : cette nuit, ne t'endors pas, reste éveillé, des cavaliers que tu ne connais pas passeront par ici, soit au début soit à la fin de la soirée. Dès que tu les vois, jette-toi devant leurs chevaux, ils te diront : «Eloigne-toi, sinon on t'écrase sous les sabots de nos montures !». Toi, tu leur répondras : «Je ne m'éloignerai que si vous me donnez de quoi vivre moi et ma mère.» Le premier soir, le jeune homme veilla un peu, mais le sommeil l'emporta et il ne se rendit compte de rien. Le lendemain, passa à nouveau le même homme qui lui demanda : — Qu'as-tu fait ? — Rien, le sommeil m'a vaincu. Donne-moi de quoi me nourrir pour que je puisse veiller cette nuit. L'homme emmena la mère et le fils, leur donna à manger et avertit ce dernier : — Cette nuit, c'est la dernière ! Il faut que tu veilles et que tu dises aux cavaliers ce que je t'ai recommandé. Le jeune homme passa la nuit éveillé. A un moment, il entendit des galops et vit arriver une foule de cavaliers. Il se jeta au milieu du chemin et s'arrêta devant eux. Ils crièrent : — Eloigne-toi, sinon on t'écrase! (à suivre...)