Justice : Celui qu?on qualifie de «défenseur des causes perdues» compte saisir le Comité International de la Croix-Rouge sur le comportement des alliés en Irak. Jacques Vergès, avocat de l'ex-vice-Premier ministre irakien, Tarek Aziz, a annoncé, hier, qu'il saisira, dès lundi, le Comité International de la Croix-Rouge (Cicr) pour faire pression sur les forces de la coalition en Irak afin qu'elles respectent la convention de Genève sur les prisonniers de guerre. «Notre collectif (de defense) prendra contact à partir de lundi avec le Comité International de la Croix-Rouge pour qu'il fasse pression sur les puissances alliées afin qu'elles respectent la convention de Genève», a déclaré l'avocat de renommée internationale dans une interview au quotidien espagnol El Periodico. A la question de savoir comment il envisage sa mission, Me Vergès affirme que «le plus urgent est d'assurer le respect de la convention de Genève qui interdit, entre autres, l'exhibition d'un prisonnier comme cela a été fait avec (le président irakien déchu) Saddam (Hussein)». La convention de Genève interdit également que l'on isole un prisonnier «comme c'est le cas avec (Tarek) Azziz. Officiellement, personne ne sait où il se trouve. Ils (les Américains) doivent lui permettre de prendre contact avec un avocat et d?être examiné par un médecin», ajoute-t-il. Interrogé sur les accusations qui pèsent sur Tarek Aziz, Me Vergès réplique que l'ancien vice-Premier ministre irakien n'était pas en charge de la police ou de l'armée à l'époque du régime baâthiste et que par rapport aux actes qu'on lui reproche d'avoir commis contre les Irakiens. «Sa responsabilité est moindre que celle de Donald Rumsfeld», le secrétaire américain à la Défense. Me Vergès estime, par ailleurs, que le procès de Azziz et des autres dignitaires de l'ancien régime pose plusieurs problèmes : «Un procès est-il possible dans un pays où il n'existe pas d'Etat, où il n'y a pas d'élections libres, ni de constitution, ni d'autorité judiciaire crédible ? Va-t-on créer un tribunal comme celui mis en place pour la Yougoslavie ?», s'interroge Vergès pour qui «l'exemple de (l'ancien président Slobodan) Milosevic est là pour convaincre (ceux qui envisagent une telle chose) du contraire». Vergès affirme, en outre, que le procès des anciens responsables irakiens n'a rien à voir avec celui de Nuremberg comme le pensent certains. «A ce moment-là (au lendemain de la Seconde Guerre mondiale) les quatre puissances alliées poursuivaient les nazis pour les crimes de guerre et contre l'humanité postérieurs à la déclaration de guerre. Il n'y avait pas lieu de revenir sur le pacte germano-soviétique et les accords de Munich. En revanche, il est reproché au gouvernement de Saddam des faits antérieurs à la première guerre du Golfe, c'est-à-dire remontant à l'époque où l?Irak était l'allié gâté des Occidentaux.»