Abandon De cette culture qui faisait la richesse et la fierté de la région ne reste, aujourd?hui, que le souvenir. Pour parvenir jusqu?à Beni Maouche, il faut emprunter des chemins qui montent et traverser plusieurs villages aux maisons qui s?agrippent au flanc de la montagne, surplombant la vallée de La Soummam d?un côté et d?Aït Yaâla de l?autre. Secouée par un séisme le 10 novembre 2000, cette région vit, outre cette catastrophe naturelle, la précarité au quotidien, caractérisée par le chômage, la mal vie et surtout la pauvreté. Beni Maouche est une région dont le nom est longtemps resté lié à la culture de la figue qui se transmet de génération en génération. Ce fruit, qui était réputé pour sa qualité supérieure et sa diversité et qui faisait vivre des familles entières, est aujourd?hui à l?abandon faute de prise en charge. Avec une production annuelle moyenne de 5 000 quintaux, Beni Maouche est cette zone montagneuse où le figuier est roi. On y trouve trois types d?arbres : les figuiers mâles, les femelles et les bakours, qui sont des figuiers non fécondés. La culture du figuier dans cette région de Kayblie se fait par les agriculteurs d?une manière traditionnelle avec des méthodes de séchage très anciennes. Dans cette zone escarpée, le figuier et l?olivier, deux arbres rustiques, trouvent assez bien leur place et s?adaptent aussi au climat très rude de la montagne. M. Mohand Sahki, l?un des grands producteurs de cette région et responsable des agriculteurs, estime la production de cette année moyenne en raison «de la vague de chaleur qui a sévi durant l?été, ce qui a précipité la maturation du fruit» et augmenté sensiblement son prix cette année, nous précise-t-il, avant d?énumérer les véritables raisons qui ont fait chuter la production ces dernières années, notamment le vieillissement des plantations et l?absence d?un programme de régénération. A ce titre, il y a lieu de signaler que le figuier est complètement occulté par les programmes du Fnrda. A tout cela, notre interlocuteur ajoute l?épineux problème de la commercialisation de la figue et l?inexistence d?un centre de conditionnement, ce qui oblige le producteur, pour écouler sa marchandise, à recourir «au marché informel où le bénéficiaire n?est personne d?autre que le spéculateur», alors que le produit est stocké dans des conditions lamentables. Notre interlocuteur nous signale «l?écoulement d?un produit importé de Syrie qui est loin de concurrencer le produit local, mais bénéficie d?une distribution à l?échelle nationale». Quant à la transformation de certaines variétés de figues en confiture, le représentant des agriculteurs souligne que tous les efforts fournis et les contacts pour vendre ce produit aux unités de transformation agroalimentaire de l?Etat sont restés vains. Les agriculteurs tirent la sonnette d?alarme sur le devenir de la production de la figue, qui pourtant bénéficiait d?un label reconnu jadis mondialement. La figue se meurt en l?absence d?un véritable programme pour sa prise en charge.