Photo: Fouad S. Fortement soutenue par sa tutelle, la Direction de la culture de la wilaya de Naâma s'est engagée dans un véritable chantier visant à dynamiser l'activité culturelle dans toutes ses expressions, notamment à travers le renforcement des structures de base. Des projets multiples, comme la réalisation d'un théâtre régional de 500 places, le lancement de quelque 13 bibliothèques communales, ou encore la création d'un musée, et on en passe, tellement l'entreprise parait immense. Qu'on en finisse, une fois pour toutes, avec les marronniers rébarbatifs et les vieilles antiennes faussement triomphalistes, ringardes, parfois, jusqu'à l'écoeurement, chantées à tue-tête, en chœur, et sur tous les tons par des apprentis culturels dont le seul rapport à la culture ne va pas au-delà du vocable et cadre très mal avec le prestige de la fonction. Des clichés qui ont eu le tort de réduire l'immensité de la culture de certaines régions du pays à seulement quelques visages, quand bien même ces derniers, tous ou presque, représentent ou incarnent fièrement une grande partie de cette célébration culturelle et dont l'impact n'a jamais souffert, à ce jour, de la moindre nuance. Prenons ici l'exemple de la wilaya de Naâma. L'une des capitales du Sud Ouest algérien qui tient ce rôle avec autant de fierté que d'authenticité. Si le climat austère n'a pas été si généreux avec sa terre, d'où sa grande vocation pastorale, ses hommes, ceux qui l'ont habité, depuis les temps préhistoriques – en témoignent les quelque 300 stations rupestres disséminées à travers toute la région- jusqu'aux générations de nos jours, l'ont façonné, chacun à sa manière, d'une histoire, d'une identité et d'une culture que nous ne saurons résumer même si nous nous accaparions tous les espaces de ce journal. Car, aussi pour les profanes que pour les initiés, la région de Naâma n'est pas seulement la forteresse qui abritait le grand résistant populaire –tout un symbole- Cheikh Bouamama, qui guerroyait avec la bravoure qu'on lui connait, les armées barbares de la colonisation française dans le seconde moitié du 19ème siècle, et tenir la dragée haute à ses plus redoutables généraux. Ce n'est pas non plus cette terre qui a épousé le soufisme grâce à son célèbre Saint Patron des lieux, Sidi Ahmed El Mejdoub, que ses adeptes viennent, par milliers, de plusieurs régions et parfois même de l'étranger, célébrer chaque mois d'octobre. Il va sans dire de son patrimoine culturel dignement représenté par une nuée de Ksours qu'on trouve encore intacts à Asla, à Tiout, à Sifisifa, à Moghrar…à l'exception de celui de Aïn Sefra entièrement délabré. Des prestigieux palais amazighs témoignant d'une grande et vieille civilisation humaine que nous continuons d'admirer à ce jour, dans ses diverses manifestations. Passons aussi sur toutes les danses folkloriques (Essef, Laalawi, la Fantazia, N'hari…) que les habitants de Naâma et pas seulement eux, admirent dans le cadre d'une pléthore de festivals organisés tout au long de l'année. Inutile aussi de revenir sur la vie, l'œuvre et le parcours d'Isabelle Ebderhardt, cette femme de lettres qui a prisé de Aïn Sefra et de toute la région de Naâma sa source d'inspiration. Conscients de ce riche potentiel culturel et du prestigieux legs de leurs ancêtres, les habitants de Naâma, sous l'égide de la très dynamique direction de la culture de la wilaya, et de son directeur Amar Manaâ, un enfant de la culture, comme il se plait bien à dire, s'échinent depuis quelques temps avec une volonté jamais démentie, à redonner à ce patrimoine son lustre. C'est ainsi que les différentes opérations de grande envergure touchant à toutes les facettes de l'activité culturelle (théâtre, littérature, histoire, poésie populaire, cinéma, danses populaires, fantazia…) sont engagées avec un soutien actif du ministère de la Culture qui dote les responsables locaux de tous les moyens possibles, financiers, humains et techniques. LE LIVRE, UNE PRIORITÉ Si le livre constitue la « priorité des priorités» dans l'agenda des priorités de la tutelle, à Naâma, le livre ou la lecture, au-delà de l'importance capitale qu'on lui accorde, demeure une pratique d'autant plus répandue, tellement développée, qu'on ne s'étonnerait même pas de compter le nombre de quelque…65 auteurs publiés. Rien que ça. « je ne sous parle pas des autres écrivains qui cherchent éditeurs» précise, de son côté, M. Manâa qui affirme avoir réussi à publier de nombreux écrivains, à l'instar de Kheiri Belkhir qui vient de ‘'pondre'', tout récemment, un intéressant roman en langue arabe, «Nakhlat Al Wajaâ» (La palmier de la douleur) (Edition Légende 2009), ou encore le poète Mejdoub Laïd El Mechraoui avec son nouveau recueil « Yanabiaâ Fil Hidha» (Sources des plateaux), chez le identique même éditeur. Des noms connus ? On évoque ici toute une ribambelle d'auteurs. Les plus illustres restent des figures connues du paysage national et à leur tête le prolifique Benamara Khelifa, un véritable connaisseur de la région du Sud Ouest. A son actif une dizaine d'ouvrages, entre romans, récits historiques, des biographies, et autres publications dont une grande partie concerne cette haute culture qu'il porte avec autant de bon sens. D'autres écrivains tiennent aussi le haut du pavé, comme Ahmed Bencherif, un ancien insituteur qui vient de publier, en France une fresque romanesque sur Aïn Sefra ; Abdelkader Benbouziane, un spécialiste de la poésie El Melhoun avec son Diwan «Al Bouziania Fi Khilal Al Qasaïd Chiâaria», Abdelkader Bouarfa et son essai sur la pensée de Malek Benabi, ou encore le jeune talentueux poète Mohamed Lamine Saïdi… bref, toute une armada de littérateurs et autres écrivains dont la riche production témoigne d'une tradition littéraire qui frappe ses racines dans l'histoire ancienne de la région. Une production qui a poussé les responsables de la culture ici, à mettre le paquet pour booster le livre, notamment via une politique soutenue dont l'organisation annuelle d'un colloque régional au profit des écrivains et des chercheurs locaux, n'est qu'un signe parmi tant de la vitalité de la politique initiée localement. «Nous avons un projet de réalisation de 13 bibliothèques coiffant toutes les communes de la wilaya de Naâma, avec un stock prévu de 20364 ouvrages dont nous avons bénéficié dans le cadre de la manifestation ‘'Alger capitale de la culture arabe 2007''» fait valoir M. Manâa, en ajoutant que tous les villages auront droit à un quota de 1326 livres. Dans cette optique, le directeur de la culture, évoque également la réalisation prochaine d'une annexe de la Bibliothèque nationale. Mais ce qui a le plus satisfait notre interlocuteur, c'est le bibliobus dont la wilaya de Naâma vient récemment de bénéficier au même titre que l'ensemble des wilayas du pays, dans le cadre de l'opération lancée ce mois de novembre par la tutelle. Un bus de grande marque qui compte pas moins de 3400 titres. «Le bus qui sera géré par un personnel qualifié issu de la maison de la culture, sillonnera tous les coins et les recoins de la wilaya de Naâma avec pour mission, de promouvoir la lecture publique» assure-t-il. En un mot comme en cent, Naâma demeure «une pépinière des hommes de lettres» comme le décrète si bien Mohamed Djelab, directeur de la Maison de la culture de la ville. THÉÂTRE, LE GRAND RETOUR Longtemps relégué au bas de l'échelle des priorités, tout porte à croire que le quatrième art est en train de renouer avec les planches que les responsables de la culture de Naâma s'apprêtent à réaliser. En effet, un grand projet de construction d'un théâtre régional grandeur nature de quelque 500 places, figure sur les tablettes de M. Manâa. « Son importance, observe encore notre interlocuteur, tient notamment à l'inexistence dans la région de théâtres ». Ce n'est pas tout, puisque la direction de la culture, s'est engagée à transformer la vieille salle de cinéma de Aïn-Sefra, fermée depuis des années, en salle de théâtre afin d'encourager les jeunes talents à s'engager pleinement dans ce domaine qu'ils ont abandonné longtemps. Sachant que dans le passé, le théâtre était très développé notamment à Mechria et à Aïn Sefra. D'où justement l'insistance des autorités locales, à redonner vie à ce secteur, pilier de la culture. Jamais deux sans trois, puisque la même source nous annonce qu'un autre projet, un théâtre plein air est également projeté dans cette optique. Et pour clore, nous apprenons que des journées théâtrales seront organisées, avant la fin du mois en cours. Excusez du peu ! Par ailleurs, pour ce qui est du cinéma, outre Les journées du cinéma algérien organisées chaque mois de décembre, en présence de nombreuses figures de proue du septième art algérien, dont le cinéaste Amar Laskri- appelé en tant que directeur del'association «Lumières» à collaborer à la prochaine édition- la direction de la culture entend mettre le paquet pour parachever la réhabilitation d'une salle de projection d'une capacité de 500 places à Mechria.