Résumé de la 4e partie n Quand Dan lui dit où elle devait loger, Amelia pense aussitôt que son reportage se fera sur les animaux, mais à son grand regret, il lui confirme que le sujet sera sur les villes fantômes... Sur ces murs figuraient une quantité de diplômes et de photographies portant des dédicaces personnelles et admiratives adressées à Dan Hale par un si grand nombre de chefs d'Etat qu'Amelia avait du mal à identifier tous les noms et tous les pays. Il n'avait peut-être que trente-six ans, mais dirigeait déjà l'un des quatre hebdomadaires d'information les plus influents de la planète. Un homme dont les avis, disait-on, pouvaient mettre fin à une guerre ou en déclencher une. Amelia n'était, dans le vocabulaire démodé de son métier d'adoption, qu'un «louveteau». Elle ne participerait même pas à l'écriture de ce reportage ; elle se contenterait de taper ses notes pour les remettre à un rédacteur chevronné. Dan l'utilisait pour enquêter, et rien de plus. Ce n'était tout de même pas rien, de s'entendre commander un travail par le patron en personne. «Si je suis un louveteau», se dit-elle, tandis que ces pensées lui traversaient l'esprit, «alors lui, c'est un ours». C'était l'animal auquel il ressemblait le plus : grand, avec pas mal de kilos en trop, de petits yeux, de grosses joues, et une façon de traiter les choses dans le désordre, dissimulant son habileté légendaire à attaquer les imbéciles, en salle de rédaction aussi bien que dans ses colonnes, méchamment et sans crier gare. Elle se sentait flattée, honorée même, par l'intérêt qu'il lui témoignait. Il n'y avait rien, absolument rien de romantique ou de sexuel là-dedans. Amelia en aurait mis sa main au feu. Rien ne permettait de penser que Dan Hale l'ait jamais remarquée de ce point de vue, et elle en était soulagée. Elle appréciait cette rencontre de cerveau à cerveau, de rédacteur en chef à reporter. Son dernier échec amoureux l'avait plongée dans une telle tristesse qu'elle se crispait encore chaque fois qu'un homme manifestait la moindre attirance pour elle. Elle ne voulait pas aimer, avait-elle décidé ce qu'il lui fallait c'était du travail, du travail seulement. Grâce à Dieu, songea-t-elle, cet entretien entre elle et «la légende» était d'ordre strictement professionnel. Allez savoir pourquoi, mais ce journaliste craint et respecté semblait croire qu'Amelia Blaney méritait qu'il joue pour elle les mentors. Elle se redressa sur son siège et s'efforça de faire taire ses doutes sur ce qu'on lui demandait. D'ailleurs, se rappela-t-elle, elle adorait les animaux, et c'était une véritable faveur qu'il lui faisait en lui confiant ce reportage. Elle saurait l'apprécier à sa juste valeur, et se montrer à la hauteur pour satisfaire ce patron exigeant. Même s'il lui fallait pour ça aller dans les villes fantômes du Kansas. Il lui tendit ses billets d'avion et une carte routière du Kansas, sur laquelle certains noms de villes étaient cerclés de rouge. Puis il la fit très vite sortir de son bureau. C'est alors qu'Amelia, debout dans le couloir et le souffle encore court, se rendit compte qu'il ne lui avait pas fourni la moindre indication sur le pourquoi de ce reportage, et, même, sur ce qu'elle était censée chercher une fois sur place. (à suivre...)