Résumé de la 5e partie n Amelia qui est flattée de l'intérêt professionnel que lui porte Dan, son patron – un homme influent dans le monde politique – ,oublie de lui demander le but de son enquête... Elle fit volte-face, décidée à le lui demander. Mais il était déjà au téléphone, le dos tourné pour regarder vers la fenêtre. Une journaliste plus ancienne à qui elle demanda conseil lui dit : — Ne compte pas sur des explications. Il lui arrive de commander des reportages sans dire ce qu'il veut en faire. Si on le savait, on enquêterait avec moins d'objectivité. On est censé mettre des faits à jour et trouver tout seul quel est le véritable sujet. (Et l'ancienne de sourire à Amelia :) Et que Dieu te protège si, d'aventure, tu ne lui rapportais pas ce qu'il attend de toi. Car si tu ne le sais pas, il le sait, lui, depuis le début. «Oh, mon Dieu», songea Amelia, saisie d'une terreur qui n'avait rien à voir avec l'obscurité. Mercredi 17 septembre Dans l'avion qui l'emmenait de Kansas City, Missouri, à Wichita, Kansas, Amelia étudia la carte que Dan lui avait remise. Elle décida de l'itinéraire qu'elle suivrait pour rejoindre les villes abandonnées, ou presque désertes, de Spale, Bloomberg, Wheaten, McDermott, Flaschoen, Pariance et Stan. Ce dernier nom lui plaisait bien... Il évoquait quelque chose d'amical, et de dimensions raisonnables. Elle se demanda si New York serait jamais devenu le centre de l'univers (comme elle le pensait) si ses fondateurs l'avaient baptisé «Stan». Et, en plein ciel, elle se mit à rire toute seule. Sur sa lancée, elle lut les bribes de la documentation qu'elle avait rassemblée aussi bien à la bibliothèque qu'en compulsant les archives des magazines (qui étaient à elles seules une véritable bibliothèque) et sur Internet. Ce qu'elle avait trouvé était fascinant et expliquait très bien pourquoi son célèbre rédacteur en chef y avait flairé un sujet digne de ses colonnes. Ce serait, prévoyait-elle, l'histoire d'une Amérique en pleine mutation, l'histoire des populations rurales parties vivre dans les villes, et des villes qu'elles avaient abandonnées dans la prairie où elles redevenaient poussière. Ces «fantômes» ne lui feraient pas peur, elle en était certaine. Ils seraient peut-être tristes, mais ils ne seraient pas effrayants. Et, avec un peu de chance, elle pourrait mener son enquête à la lumière du jour et retrouver chaque soir le confort et la sécurité d'une chambre d'hôtel bien éclairée. «B&B», se rappela-t-elle, en voyant les faubourgs d'une petite ville apparaître au-dessous de l'appareil. Amelia n'était jamais descendue dans un bed and breafast. Elle se demanda ce qu'on pouvait bien manger dans une «ferme d'animaux exotiques». De l'avoine ? Du foin ? «Pour moi, ce sera des céréales», se dit-elle en riant, au moment où l'avion se posait. Elle commençait à se rendre compte que ce reportage, après tout, risquait de s'avérer délicieusement bizarre. Des girafes et des fantômes. Au Kansas. (à suivre...)