Résumé de la 8e partie n Amelia est à l'entrée de l'auberge. Elle se pose des questions sur son métier de journaliste qui semble ne pas lui convenir... Elle s'était peu à peu tournée vers des sujets «magazine» parce que l'enquête, le journalisme d'investigation n'était pas dans ses capacités ; elle avait toujours de la peine pour les proches de ceux dont on étalait la vie dans les colonnes des journaux. «Eh bien, songea-t-elle, me voici en train de chercher sans même savoir ce que je cherche !» Elle avait perdu le fil de ce qu'elle était en train de lire, et, en essayant de le retrouver, elle s'aperçut qu'il n'y était pas du tout question d'animaux sauvages. «Quoi ?», dit-elle à haute voix, troublée par ce qu'elle voyait. Elle avait fait le tour de la pièce et se trouvait maintenant derrière l'un des bureaux, face aux articles punaisés sur le tableau d'affichage. Le mot «meurtre» figurait dans les titres. Les articles provenaient de journaux locaux. Il y était question d'une affaire vieille de presque dix-sept ans. L'assassinat d'une jeune fille, Brenda Rogers. Agée de dix-sept ans. Elève de dernière année au lycée de Spale. Prix d'excellence. Major de sa promotion. Elue reine de la fête de son école. Désignée par ses camarades comme celle qui avait le plus de chances de réussir. Lauréate d'une bourse d'études de l'université du Kansas, à Lawrence. Fille aînée d'un couple de cultivateurs. Une jolie blonde, souriante, qui semblait prendre plaisir à être photographiée. Un crime affreux. Une terrible perte. Face à cette révélation, Amelia se sentit triste pour la jeune fille, pour ses parents pour la ville où, lisait-on : «il ne s'était jamais rien passé d'aussi épouvantable.» L'assassin s'appelait Thomas Rogers. — Le même nom, murmura Amelia, clouée sur place par ce qu'elle était en train de lire. Et âgé lui aussi de dix-sept ans. Son frère ? «Mon Dieu, son mari ?» Pas seulement ça, mais le père de... Son enfant ? Pour Amelia, ces faits ne correspondaient pas à l'idée qu'elle se faisait d'une petite ville du Midwest dans les années quatre-vingt. Mais qu'y avait-il là de si invraisemblable, en vérité ? Une grossesse prématurée ? Ou le fait que le garçon l'ait épousée ? Non. Mais une aussi jeune mère allant de succès en succès, et une bourse pour quatre années d'études allouée à une gamine de dix-sept ans déjà chargée d'un bébé... Tout cela supposait une jeune femme d'un caractère exceptionnel, un milieu scolaire ouvert et généreux, une population capable d'indulgence, une commission d'attribution des bourses pleine de confiance, et, plus sûrement encore, une famille aimante et présente aux côtés de son enfant – une merveilleuse famille. Elle sauta sans la lire la notice nécrologique qui mentionnait les noms des survivants. «Mon Dieu, songea-t-elle tristement, quel coup affreux pour tous ces gens.» Et le garçon ? L'époux-assassin ? (à suivre...)