La rencontre-débat qui devait être organisée hier à l'occasion de la commémoration du 5 octobre 1988 a été interdite. L'interdiction de cette rencontre que devaient animer le président de la Laddh, Me Bouchachi, Abdenour Ali Yahia ainsi que Abdelhamid Mehri et le sociologue Nacer Djabi au siège de la fondation Friedrich-Ebert-Stiftung, constitue pour la fondation «un exemple de la régression en matière de droits de l'homme et des libertés dans notre pays». C'est ce qu'a déclaré Me Bouchachi hier, lors d'un point de presse. Selon lui, la rencontre-débat avortée devait faire la lumière sur les mobiles et motifs ayant poussé des jeunes à la révolte pour dénoncer les inégalités sociales et l'injustice. Il dira que «ce genre d'interdiction ferme le champ à tout débat, ce qui démontre encore une fois que le pouvoir mis en place, va à l'encontre de l'ouverture démocratique.» M. Bouchachi précisera que généralement ce genre de décision vient d'en haut. L'autre question consistait à savoir pourquoi un jour avant une conférence de presse animée par Me Hocine Zehouane, président de la Laddh, a eu lieu au siège de cette dernière et n'a pas été interdite, alors que cette rencontre programmée au siège de la fondation Ebert ayant les mêmes thèmes n'a pas pu avoir lieu. En réponse, Me Bouchachi dira : «Je suis le représentant officiel de la ligue et peu importe ce qui se passe ailleurs.» De son côté, Abdenour Ali Yahia, président d'honneur de la ligue, dira qu'il est contre ceux qui soutiennent que le 5 octobre n'a rien rapporté, au contraire, selon lui, ce fut un élan démocratique et une ouverture sur le multipartisme. Ali Yahia réfute la thèse de ceux qui disent que le 5 octobre n'était qu'une vague sans plus. Selon lui, le 5 octobre 1988 «n'est pas un accident de parcours. Il découlait d'une lutte de clans au sein du pouvoir», dit-il en précisant que l'appareil du parti unique à cette époque voulait perpétuer le système politique en place depuis l'indépendance. Le conférencier estime que «le pouvoir a compris que la réforme de la société n'est possible que par la démocratisation.» D'où la constitution du 23 février 1989. Les événements d'Octobre, dira-t-il, ont permis également la naissance d'associations à caractère politique (ACP), une liberté syndicale et une presse indépendante, alors qu'avant c'était la dictature. Toujours selon l'orateur, le nombre de 500 morts avancé par les autorités, ne reflète pas la réalité, en vérité, il estime que le nombre de victimes est beaucoup plus important. Il évoquera le recours à la torture et au traitement cruel, dégradant et inhumain dont furent victimes des centaines de jeunes.