Résumé de la 1re partie n Gérard Duchez ne parlant pas allemand se fait tabasser par un militaire qui pensait, en le voyant faire sa gestuelle, qu'il se moquait du führer.. Il explique à l'officier qu'il n'a pas voulu se moquer de la première profession exercée par Adolf Hitler, ni des peintres en bâtiment en général, mais qu'il a tenté de dire qu'il est lui-même entrepreneur en peinture et qu'il vient pour l'annonce de la mairie. Du coup, l'officier éclate de rire. L'incident a créé un climat de sympathie. — Je suis désolé, monsieur... Il s'agit de remplacer le papier peint dans deux bureaux du premier étage. Normalement les offres sont finies, mais dites-moi quand même votre prix. Gérard Duchez n'hésite pas. Il annonce : — Six mille francs. C'est 30% au-dessous du marché. Il y sera de sa poche, mais une telle occasion méritait un sacrifice financier. En tout cas, la somme a produit un effet instantané. L'officier a un hochement de tête. — C'est bien. Suivez-moi. Les travaux ont lieu dans le bureau du commandant Schnedderer. Le commandant Schnedderer est un gros homme chauve, au visage barré d'une cicatrice. Lui aussi parle correctement français. — J'ai des goûts très précis pour le papier peint. Je veux des cavaliers bleus portant des fanions sur un fond jaune clair ou bien des canons argent sur fond bleu marine. Vous avez cela ? Gérard Duchez n'a jamais vu de sa vie des papiers semblables, mais il répond sans se démonter : — Bien entendu, commandant. Je les aurai demain... Gérard Duchez passe le reste de la journée à courir les maisons de papiers peints de Caen pour trouver le modèle demandé. Il finit par découvrir un motif qui n'est pas dans les tons voulus mais où il y a des canons, des soldats et des fanions. Il décide que cela fera l'affaire. Il compte sur son bagout pour convaincre l'Allemand. Le lendemain, le voilà donc avec ses rouleaux sous les bras dans le bureau du commandant Schnedderer. Comme prévu, sa faconde emporte l'adhésion de son interlocuteur. — Bon, cela ira. Vous pouvez commencer. Le travail de Gérard Duchez consiste d'abord à prendre des mesures. Il s'affaire avec son mètre pliant et son escabeau lorsqu'un autre officier entre et dépose sur le bureau une pile de documents, après avoir claqué des talons. Tout en affectant d'être plongé dans son travail, Gérard Duchez observe du coin de l'œil et s'aperçoit qu'il s'agit de cartes. Le commandant Schnedderer, qui l'a maintenant tout à fait oublié, s'absorbe dans la contemplation de l'une d'entre elles ou du moins d'une partie de celle-ci, car elle est trop longue pour être dépliée en entier. Le soleil brille intensément en ce jour de mai et Gérard Duchez peut découvrir par transparence le contenu du document. Il représente la côte normande depuis l'embouchure de la Seine jusqu'au Cotentin. Il est à une très grande échelle, et des éléments de très petite taille doivent y figurer. Après l'avoir examiné, le commandant le repose sur son bureau et décroche son téléphone. A partir de ce moment, d'autres Allemands, des militaires et des civils, entrent dans la pièce et échangent avec lui des propos que, malheureusement, il est incapable de comprendre. Et puis, soudain, tous sortent en même temps, il se retrouve seul. (à suivre...)