Résumé de la 2e partie n Gérard Duchez, ayant proposé des prix alléchants, est recruté par les Allemands pour placer du papier peint dans les bureaux des officiers... Le cœur battant, Gérard Duchez s'approche de la pile de cartes. Il déplie un peu la première. Il s'agit bien de la côte normande et il peut lire distinctement la mention «Très secret». Que faire ? Jamais une telle occasion ne se représentera. Mais s'il vole la carte, le commandant va forcément le découvrir et c'en sera fait de lui. Ce sera le peloton d'exécution et pire encore : la torture. Sera-t-il capable de ne pas dénoncer le réseau ? A cet instant précis, Gérard Duchez voit son visage reflété dans le miroir en face de lui : il se trouve bien pâle, mais ce n'est pas à la pâleur de son teint qu'il pense. Le miroir ! Il a la place de cacher la carte derrière. Sans réfléchir davantage, il se précipite. L'instant d'après, il a dissimulé l'objet. Il était temps : le commandant Schnedderer fait son entrée. — Vous avez pris vos mesures ? — Oui, commandant. — Alors vous pouvez partir. Vous reviendrez lundi. Gérard Duchez prend congé C'est vrai, on est vendredi et il va devoir attendre deux jours avant de revenir. Mais que faire d'autre ? Il passe donc le week-end dans l'angoisse, s'efforçant d'avoir l'air naturel avec sa femme et ses enfants, mais s'attendant à tout instant à voir s'arrêter une traction avant occupée par des hommes en imperméable. Enfin, le lundi arrive. C'est miraculeux, mais c'est ainsi : personne à l'organisation Todt ne s'est aperçu de la disparition d'un document de cette importance, revêtu de la mention «Très secret». Dans l'hôtel particulier grouillant d'uniformes, Gérard Duchez retrouve l'officier qui lui avait accordé le marché. Il le salue avec la plus profonde déférence. — A quelle heure le commandant souhaite-t-il que je commence mon travail ? L'officier n'a plus sa bonne humeur de la fois précédente. Il lui répond sèchement — C'est annulé. Le commandant Schnedderer a été muté. Il n'y a plus de travaux. Gérard Duchez s'efforce de garder son calme, mais c'est la catastrophe. S'il ne peut plus accéder au bureau, non seulement il ne pourra pas s'emparer de la carte, mais celle-ci finira par être découverte un jour ou l'autre et il ne donne pas cher de sa peau. Il parvient quand même à sourire. — Le commandant Schnedderer a bien un remplaçant. — Oui, le commandant Keller. Mais il a autre chose à faire que de s'occuper de papier peint. — Me permettez-vous de lui poser la question en allant reprendre mon matériel qui est resté sur place ? L'officier hausse les épaules. — Si vous voulez... L'instant d'après, Gérard Duchez est dans le bureau. Le commandant Keller est un petit homme sec aux cheveux coupés en brosse. Il n'a pas l'air commode du tout. Cela n'empêche pas l'entrepreneur en peinture de lui tenir le petit discours qu'il a préparé. Le commandant Schnedderer avait fait appel à lui pour décorer son bureau. Il est prêt à lui offrir ses services à son tour. (à suivre...)