InfoSoir : Y a-t-il un véritable plan de gestion des risques majeurs en Algérie? l Abdelkrim Chelghoum : le plan de gestion des risques existe, cependant rien n'est appliqué sur le terrain. Les normes ne sont pas respectées et ce n'est que lorsque la chose arrive qu'on se rappelle enfin qu'il y a effectivement un plan. Selon vous quelles sont les mesures qui doivent être prises pour réduire les dégâts ? l Je le dis et je le répète : il faut créer un monsieur prévention, c'est-à-dire un vrai organisme national qui veille afin que les mesures qui s'imposent soient prises instantanément et de manière scientifique et calculée. Il faut reconnaître qu'un régulateur de crues, minimise assurément des dégâts que rien ne peut éviter. Le premier projet hydraulique a pu réduire la catastrophe à 50%, si les deux autres projets qui sont en cours avaient été finalisés, la catastrophe n'aurait pas eu lieu. Existe-t-il un filet cartographique national ? l Nous n'avons jamais cessé de rappeler que le système cartographique national des aléas sismiques est totalement erroné, c'est-à-dire incomplet et il est temps d'apporter les corrections qui s'imposent. Selon lui, cette cartographie n'est pas basée sur des hypothèses scientifiques ni des recherches de renom établies. Mais, au contraire elle est élaborée par tâtonnements. Et la loi dans tout ça ? l En 2004, il y a eu la promulgation de la loi de la prévention des risques majeurs et la gestion des catastrophes naturelles. Cette loi est adoptée au lendemain du séisme de Boumerdès, donc dans la précipitation et l'urgence. Elle s'avère obsolète. En 2008 il est recommandé de tailler des textes à la mesure des conjonctures que vit le pays en matière de calamités naturelles. Il n' y a pas que loi qui devrait voir le jour, il y a tous les plans de prévention qui sont prévus et qui doivent être mis en branle par les collectivités locales et les différents secteurs existants avec l'aide bien sûr des organismes techniques à créer. Comment minimiser les risques ? l L'absence d'un organisme d'administration de prévention qui veille justement au respect de la loi (Je reviens toujours à cette loi 080 du 25 décembre 2004 qui a été bien relancée après le séisme de Boumerdès) dans ses différents volets et à cette politique adoptée fait qu'on pourrait retomber dans les mêmes problèmes. Si on prend le cas des inondations, les systèmes d'alerte qui se feront à partir des cartographies ou à partir des études du phénomène sont importants. Il est nécessaire d'instituer des seuils d'alerte mais il faut aussi responsabiliser chaque personne ou organisme qui a un rôle à jouer dans ce domaine. De même pour l'intervention et les secours. Le cas du séisme de Chlef où il y avait une politique nationale établie en 1985 mais qui n'a pas vu le jour sur le terrain, et ce, à cause de l'absence de coordination entre les structures chargées, ce qui a amplifié les dégâts dans cette région. * Expert, consultant en parasismique et enseignant à l'université de Bab Ezouar