Résumé de la 11e partie n la sorcière avoue au Français que c'est elle qui, par vengeance, a demandé aux frères Hiadaden de tuer le fils du cheik... «La vieille mère de Si Ali, terrorisée, promit de se taire elle avait tout vu sans pouvoir appeler du secours, car un des assassins lui tenait le couteau sur la gorge, tandis que l'autre accomplissait sa lugubre besogne. «Le matin, je fis appeler les notables, je leur donnai connaissance de l'outrage qui m'avait été fait et du châtiment ; tous déclarèrent ma vengeance légitime et me jurèrent de se taire. «J'ai pleine confiance en leur parole et en mon pouvoir : tu peux les interroger, les tuer même, ils ne diront rien, pas plus que la mère de la victime.» Elle se tut puis, elle me demanda ma chaîne à gros anneaux de métal. Elle s'en para sur l'heure et se montra joyeuse de ce que je trouvais que ce collier lui allait bien : elle me promit de le garder éternellement en souvenir. Je réfléchissais à ce que la maraboutine venait de me dire, mon esprit oscillait entre la fascination qu'elle m'inspirait et le sentiment de mes devoirs. Malgré le charme qu'elle exerçait encore, je repris peu à peu possession de moi-même, et, comprenant qu'il fallait avant tout me soustraire à sa mystérieuse influence, je lui ordonnai brusquement de m'ouvrir. Ce n'est pas sans peine que je parvenais à sortir, détournant la tête pour éviter ses yeux charmeurs. Elle s'affaissa dans la chambre obscure. Titubant comme un homme ivre, j'arrivais à grand-peine à la Djemaâ où je trouvai les notables et Rabah. A ma grande surprise, ils ne furent point étonnés de ma longue absence : il faisait nuit déjà. Il me parut même qu'ils montraient pour l'élu de la prophétesse une plus grande déférence que pour le fonctionnaire. Je m'endormis sur les pierres de la Djemaâ, d'un sommeil lourd et agité, plein de cauchemars. Poursuivi sans cesse par l'ombre de Si Ali, je ne trouvais de répit qu'auprès de la belle meurtrière, mais celle-ci se transformait en vampire hideux qui aspirait mon sang. Après un pareil sommeil, je me levai, le corps brisé, sans idées nettes, sauf celle de ma chute. Je ne crus pas devoir continuer l'information, et, faisant à tout hasard arrêter les deux frères Hiadaden, je repris le chemin de ma résidence. La chaleur était intense ; dévorés par la soif, nos chevaux marchaient lentement, et ce ne fut que vers une heure de l'après-midi que nous rentrâmes au bordj. Le vieux Rabah saignait du nez, mes tempes bourdonnaient sans cesse et je tombai demi-mort sur le lit de camp qui me servait de couche. (à suivre...)