Le stock de biomasse pêchable de l'Algérie est en constante diminution et tous les efforts de l'Etat pour développer la filière tardent à porter leurs fruits. Cet aveu, fait hier par un haut responsable du ministère de la Pêche, laisse croire que ce n'est pas demain la veille que les Algériens auront dans leur assiette du poisson en quantité suffisante. Cette prévision alarmiste traduit les propos tenus, hier, par un haut responsable du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques qui a clairement fait savoir que «le stock de la biomasse pêchable de l'Algérie, estimé actuellement à 220 000 tonnes par an, est en constante diminution». Intervenant lors d'une rencontre sur la sécurité alimentaire à l'occasion de la Journée mondiale de l'alimentation, le directeur de la recherche, de la formation et de la vulgarisation auprès du ministère, Farid Harouadi, a révélé les résultats d'une étude menée par des chercheurs algériens en collaboration avec leurs homologues espagnols et qui ont fait ressortir que le stock de la biomasse totale (faune maritime) est estimé à 600 000 tonnes par an, mais que l'Algérie ne peut pêcher que 220 000 tonnes par an au maximum, soit un tiers du stock total. Plus grave, même ce seuil, les professionnels de la pêche dans notre pays peinent à l'atteindre puisque le niveau effectif de la pêche est à 148 300 tonnes par an. C'est presque un aveu d'impuissance qu'a fait le responsable en indiquant que, malgré l'effort du renouvellement de la flotte, «nous ne pouvons pas dépasser ce seuil». Des facteurs objectifs font que le programme de développement du secteur mis en œuvre par le département de Smaïl Minoun n'arrive pas à atteindre son objectif premier, à savoir assurer aux Algériens - qui n'ont droit qu'à 5,10 kg de poisson par an et par habitant, contre 15,4 de ratio mondial - une consommation journalière digne des potentialités du pays en la matière. Parmi ces embûches, M. Harouadi cite, outre la limite du stock pêchable, le fait que le plateau continental de la pêche du pays soit «très étroit» et «accidenté», ce qui fait que malgré les 1 200 km de côtes dont dispose le pays, «les bateaux de pêche ne peuvent pas accéder facilement à ces ressources». Pour illustrer le préjudice induit par cette spécificité de notre relief marin, le responsable cite l'exemple de la Mauritanie qui, avec seulement 700 km de côtes, dispose d'un stock pêchable de plus de 1,4 million de tonnes par an. Les effets de ces contraintes se font déjà ressentir sur les étals des poissonniers et le même responsable explique, justement, cette hausse des prix par «un problème d'offre qui se pose en raison de la limite du stock pêchable». Cette sortie d'un haut responsable du ministère de la Pêche signifie-t-elle que les Algériens doivent renoncer à l'espoir de disposer un jour de poisson en quantité suffisante ? Pas tout à fait puisque, signale M. Harouadi, il reste l'aquaculture. « L'Algérie est condamnée à aller vers le développement de l'aquaculture, pour satisfaire ses besoins en produits de pêche», et c'est dans cet objectif que s'inscrit le schéma directeur du secteur pour la période 2005-2025. D'ailleurs, rappelle-t-il, plus de 15 projets devraient être réalisés en 2008 et 2009 qui s'ajouteront à ceux en cours de réalisation. Il s'agit notamment des projets respectivement du sud pour l'élevage du tilapias avec une capacité de 1 000 tonnes/an, de Saïda et d'Azeffoun, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Les potentialités du pays dans le domaine ne sont pas négligeables puisque 286 sites propices à l'aquaculture ont été identifiés en collaboration avec des chercheurs allemands. L'aquaculture peut carrément se substituer à la pêche maritime en cas de disparition des espèces du fait du changement climatique, fait savoir M. Haraoudi.