La crise financière mondiale a eu beaucoup de répercussions négatives sur plusieurs pays, notamment les plus pauvres et ceux en voie de développement. Cela s'entrevoit à travers la crise alimentaire qui a éclaté dans plusieurs régions du monde où les prix des produits de base ont subi des hausses vertigineuses. L'envolée des cours de ces produits au niveau des Bourses a grevé les budgets des Etats qui souffrent de dépendance vis-à-vis de l'étranger. C'est le cas, par exemple, de l'Algérie, dont la facture alimentaire s'est alourdie cette année, suite à l'importation de poudre du lait, de blé, de sucre, de café, de légumes secs (lentilles, haricots blancs, pois chiches). Tout le monde doit sûrement se rappeler les incessantes réunions des pouvoirs publics avec les producteurs de lait, qui, ne pouvant plus faire face à la hausse des prix de la poudre de lait, ont menacé soit de cesser l'activité, soit d'augmenter le prix du sachet de lait. L'Etat, ne voulant pas saigner les citoyens, a opté pour le soutien de ces producteurs. Cela, en plus du soutien du prix du pain à travers celui de la farine vendue aux boulangers. Il n'y a pas que cet exemple. Même la pomme de terre a fait la grosse tête puisque son prix a atteint l'année dernière les 70 DA. Entre autres raisons invoquées par les pouvoirs publics concernant l'envolée de ces prix, en plus du mildiou (maladie qui affecte les récoltes), la hausse des prix des engrais que l'Algérie importe.
La question de l'autosuffisance remise sur le tapis Cette situation a remis encore une fois sur le tapis la question de l'autosuffisance et de la sécurité alimentaire en Algérie. Beaucoup de professionnels du secteur de l'agriculture ont mis l'accent sur la nécessité de se retourner vers la terre et de la travailler pour en tirer le maximum de profit. Cela ne peut se faire sans des mesures incitatives, surtout envers la jeunesse, dont la majorité tourne le dos à cette terre qui l'a pourtant nourrie et fait grandir. Même du côté officiel, le gouvernement, à travers le ministère de l'Agriculture, déploie tous les moyens nécessaires à même de hisser ce secteur à la place qui lui sied dans la société. Renforcer les moyens de production, encourager davantage les jeunes, notamment les diplômés des universités algériennes à travers des incitations à rejoindre les rangs des agriculteurs et des éleveurs, sont des aspects sur lesquels les pouvoirs publics sont en train de travailler. A ce propos, faut-il le rappeler, des microcrédits ont été accordés à des porteurs de projets parmi les jeunes universitaires qui ont préféré travailler à leur compte, tels les collecteurs de lait à titre d'exemple. L'objectif étant de produire nous-mêmes le lait, aliment vital et indispensable à la santé, et réduire ainsi la facture alimentaire de l'Algérie. Idem pour les céréales que l'Algérie continue d'importer au prix fort. En effet, et pour mieux accompagner les céréaliculteurs et les encourager à produire davantage ce produit vital, il a été récemment mis en place un guichet unique dont fait partie désormais l'OAIC (Office algérien interprofessionnel des céréales). Pour rappel, ce guichet unique est créé au profit des céréaliculteurs afin d'alléger les procédures d'accès au crédit sans intérêt appelé «Rfig». Au fait, le Rfig est ouvert au niveau de toutes les Coopératives de céréales et des légumes secs (CCLS) et a pour mission d'accompagner les céréaliculteurs au niveau des banques, ainsi que de leur faciliter les procédures à accomplir.
La recherche scientifique à la rescousse La sécurité alimentaire en Algérie doit être aujourd'hui l'affaire de tous. Elle nécessite la contribution de plusieurs secteurs ministériels. D'ailleurs, tout récemment, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. Rachid Benaïssa, a indiqué que la réalisation de la sécurité alimentaire en Algérie «n'est pas du seul ressort du ministère de l'Agriculture», et que plusieurs autres secteurs doivent être mis à contribution. Benaïssa a cité l'exemple des organes et personnalités du secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique qui ont un grand rôle à jouer, celui du renforcement et de la dynamisation du secteur agricole. Cela peut se traduire à travers «la réflexion et la recherche de solutions étudiées pour parvenir à un secteur agricole professionnel», avait indiqué M. Benaïssa. Ce dernier a aussi rappelé que la nouvelle politique de développement de l'économie agricole en Algérie donne beaucoup d'importance à «la prise en charge et à la promotion des capacités humaines du secteur, à travers un programme de formation élaboré et le développement technique pour mettre le secteur au diapason des nouvelles données, comme les changements climatiques et la demande croissante de produits agricoles de large consommation». Dans ce cadre-là justement, il est à signaler qu'il est mis en place un programme de formation pour développer les capacités humaines, aussi bien au niveau local que national.
Développer davantage le secteur de la pêche L'importance de cette démarche est de mettre en valeur les richesses agricoles que recèle chaque région et augmenter par-là même ses capacités de production. Une façon de réduire la dépendance vis-à-vis de l'étranger. Pour rappel, dans le cadre de ce programme lancé en 2007, plus de 600 sessions de formation ont été organisées au profit de 80 formateurs, des chercheurs et des universitaires de différentes spécialités. Les efforts de l'Algérie ne doivent pas s'arrêter au seul secteur de l'agriculture. Même celui de la pêche doit être entouré de toute l'attention nécessaire à même d'augmenter les capacités de production. Car, les dernières statistiques avancent que le stock de la biomasse pêchable algérienne, estimée actuellement à 220 000 tonnes par an, est en constante diminution. D'où la nécessité de développer son aquaculture. Un représentant du département du Dr Rachid Mimoune, et à l'occasion d'une rencontre organisée récemment sur la sécurité alimentaire, lors de la Journée mondiale de l'alimentation, avait souligné qu'une étude initiée par des chercheurs algériens avec leurs homologues espagnols a établit que «le stock de la biomasse totale (faune maritime) est estimé à 600 000 tonnes/an, mais [que] l'Algérie ne peut pêcher que 220 000 t/an au maximum, soit un tiers du stock total». Mais, a signalé ce même responsable, «le niveau effectif de la pêche est à 148 300 tonnes/an, ajoutant que, même avec les efforts faits pour le renouvellement de la flotte, ce seuil ne saurait être dépassé». Il faut savoir que pas moins de 15 projets dans le domaine de la pêche devraient être réalisés en 2008 et 2009. A cela s'ajoutent pas moins de 286 sites propices à l'aquaculture qui ont été identifiés en collaboration avec des chercheurs allemands. La crise financière mondiale a démontré encore une fois que beaucoup d'efforts doivent être faits par l'Algérie pour atteindre l'autosuffisance et par là même la sécurité alimentaire. B. A.