Certitude n Ils prennent tout et ne refusent rien. Ils savent que tout ce qu'ils récupéreront, trouvera preneur. Il est 11 heures du matin à Hammadi, à une trentaine de kilomètres à l'ouest d'Alger. Une trentaine de voitures bâchées, des Peugeot 404 pour la plupart, font la queue devant d'immenses garages improvisés en dépôts pour y déposer le butin de ces récupérateurs ambulants. Les acheteurs, qui sont des commerçants avisés, négocient fermement les prix qui, une fois fixés, s'avèrent avantageux et pour eux et pour les revendeurs, puisque ces derniers achètent souvent les objets à des prix dérisoires aux ménagères dont le souci premier est de s'en débarrasser. Abordés, les récupérateurs se montrent, pour beaucoup, hésitants. C'est qu'ils voient des concurrents partout et ils ne veulent surtout pas dévoiler le secret de leur métier. «Leur souci est de maintenir le créneau inexploré pour toujours garder le monopole de l'activité. Ils savent pertinemment que s'ils révèlent les astuces et techniques qu'ils utilisent et certains détails comme leurs gains quotidiens par exemple, ce sont tous les propriétaires de 404 qui se convertiraient en récupérateurs ambulants...», avoue Kamel, 33 ans, un jeune récupérateur originaire de Médéa qui découvre à peine ce métier. Après avoir déchargé son butin du jour fait de deux frigos, d'un téléviseur, de deux cadres de fenêtre et d'une porte métallique chez un revendeur, il a bien voulu évoquer certains aspects de son activité. Avant de découvrir le créneau, Kamel était transporteur public avec sa 404. Il estime que la récupération rapporte très bien. «J'ai engagé mon jeune frère de 18 ans avec moi et nous sillonnons au quotidien les grands quartiers d'Alger à la recherche d'objets d'occasion de tout genre. Mon frère se charge de l'appel et souvent les gens, habitués à notre présence, nous ramènent les objets dont ils ne se servent plus (meubles, ustensiles de cuisine, appareils électroménagers, habits…). Certains réclament de l'argent en contrepartie, d'autres nous les offrent. Mais je dois dire que depuis quelque temps les propriétaires de ces objets ne les cèdent pas facilement et demandent des sommes importantes, à croire qu'ils ont découvert que nous les revendons à des prix nettement supérieurs. Ils ont compris que les temps ont changé. Mais quelles que soient les sommes qu'ils nous réclament, elles demeurent dérisoires par rapport aux prix auxquels nous les revendons. Habituellement le dixième du prix de la revente de l'objet ! », avoue Kamel.