Résumé de la 5e partie n Jeremy Johnson, en sa qualité de soldat, s'inquiète sérieusement quand un avion japonais effectue une reconnaissance au-dessus du «Claymore», mais le capitaine Williams n'en tient pas compte et continue de récupérer l'or... Jeremy Johnson commence à perdre le contrôle de lui-même. — Qu'est-ce que vous savez ? Vous vous croyez plus fort que tout le monde et vous ne savez rien du tout ! Nous allons tout perdre par votre faute. Williams ne répond pas. Le lieutenant s'énerve de plus en plus. — Ecoutez-moi, Williams. Tout à l'heure j'ai compté les barres. Nous en sommes à cinq cent quatre. Vous entendez ? Cela fait plus de six tonnes ! Six tonnes d'or, vous ne trouvez pas que c'est suffisant ? Si on continue, ne serait-ce qu'un jour de plus, ces six tonnes deviendront zéro ! Vous serez ruiné et moi je n'aurai plus qu'à me tirer une balle dans la tête : j'au-rai livré des millions de dollars à l'ennemi. Le capitaine répond, sans lâcher sa pipe — Il y a encore de l'or en dessous. On continue. Johnson l'agrippe par son paletot : — Mais enfin, espèce de vieux fou, espèce de vieux grigou, vous n'avez donc rien compris ? Williams se dégage avec une force peu commune — Ça suffit comme ça ! C'est moi qui commande ici ! Un mot de plus et je vous fais enfermer dans la cale. Le lieutenant ne peut rien répliquer. Il doit assister, impuissant, à la suite des opérations. Les jours passent : 2, 3, 4 décembre. Les caisses se succèdent sur le pont et les barres s'entassent dans la cabine du capitaine. Cinq cent vingt, cinq cent cinquante, cinq cent soixante-dix. Il y en avait six cent quarante en tout sur le «Niagara». Jeremy Johnson scrute le ciel et la mer avec angoisse. Il s'attend à tout instant à voir surgir un avion, un bateau qui réduira tous leurs efforts à néant. Tout cela pour quelques kilos d'or supplémentaires, pour quelques dizaines de milliers de livres sterling dans la poche du capitaine. On a bien raison de dire que l'or rend les hommes fous ! 7 décembre 1941, 6 heures du matin. Comme chaque jour, l'équipe du «Claymore» s'apprête à prendre son poste, mais la voix du capitaine Williams retentit : — Arrêtez tout, nous rentrons ! Jeremy Johnson, qui était juste derrière le capitaine Williams, n'en revient pas. — Je vous approuve, mais j'avoue que je ne com-prends pas. Pourquoi maintenant ? John Williams allume sa première pipe de la journée. — Parce que c'est comme ça. — Nous en sommes à six cent cinq barres. Il en reste trente-cinq au fond. — Eh bien, qu'elles y restent ! Vous vouliez qu'on parte, on part ! Alors, taisez-vous. 7 décembre 1941, 11 heures du soir. Le «Claymore» arrive à Whangarei. Il règne une atmosphère étrange dans le port. D'abord, il fait entièrement nuit : pas de lumières aux fenêtres, même l'éclairage public est coupé. Et puis on entend un peu partout sur les quais des cris, des ordres. Le «Claymore» s'amarre. Un officier surgit, une lampe de poche à la main, et avance vers le lieutenant. — Faites éteindre immédiatement vos feux de posi-tion ! — Pourquoi immédiatement ? — Vous n'êtes pas au courant ? Les Japonais ont détruit la flotte américaine à Pearl Harbor. C'est la guerre. On peut être attaqués d'un instant à l'autre. Jeremy Johnson éprouve une curieuse sensation. Il se tourne vers le capitaine Williams dont le visage est éclairé par le fourneau de son éternelle pipe : — Vous le saviez ? — Non. Vous l'avez dit vous-même : nous n'avons pas de radio à bord. — Mais ce n'est pas possible une pareille coïnci-dence ! Il doit bien y avoir une explication... Peut-être, mais le capitaine Williams ne la donnera jamais. La seule chose certaine, c'est qu'entre octobre et décembre 1941 le «Claymore» a repêché six cent cinq barres d'or, sept tonnes et demie, le plus grand trésor jamais sorti des mers !