Résumé de la 1re partie n En juin 1940, le «Niagara» fait naufrage avec les 80 tonnes d'or correspondant au paiement de l'armement fourni par les Etats-unis pour la guerre... Le capitaine John Williams bougonne, sans lâcher sa pipe : — En quoi consiste votre mission, jeune homme ? — Récupérer pour le gouvernement anglais un chargement d'or, qui a coulé avec le «Niagara», au large de Whangarei. — Vous connaissez l'endroit exact ? — A peu de chose près. L'ennui c'est que, d'après les cartes, c'est au-dessus d'un plateau à cent trente-cinq mètres de profondeur. John Williams garde un long moment le silence. Cent trente-cinq mètres, c'est considérable à l'époque. Jusqu'alors, le record absolu est détenu par l'Italien Queglia, qui a repêché un trésor à cent vingt mètres et, de l'avis général, c'est un exploit impossible à égaler. Jeremy Johnson rompt le silence : — Alors, capitaine, votre réponse ? John Williams se lève tranquillement de son bureau. — C'est oui, bien entendu. 9 décembre 1940. Penché à l'avant du «Claymore», qui avance à vitesse réduite, le lieutenant de vaisseau Johnson scrute la moindre vaguelette. Non, ce n'est pas encore là. C'est une dizaine ou une vingtaine de milles plus à l'est. Le «Claymore»... Jeremy Johnson repense à toutes les démarches inutiles qu'il a faites en compagnie du capitaine Williams. Non, vraiment, ils n'ont trouvé aucune aide financière ! L'Amirauté, comme elle l'avait dit, n'a pas voulu mettre à leur disposition le moindre bureau et les armateurs les ont traités de fous. En désespoir de cause, c'est Williams qui a acheté le navire lui-même et il n'est pas bien riche. Il a dû se rabattre sur un rafiot, il n'y a pas d'autre mot, un cargo vieux de quarante ans, qui pourrissait dans la baie de Sydney. C'est ainsi que l'antédiluvien «Claymore» a été promu à la dignité de chercheur de trésor. Mais le capitaine Williams connaît bien son affaire. S'il a dépensé le minimum pour le bateau, c'est qu'il n'était pas essentiel dans l'opération. Il a, au contraire, englouti toutes ses économies dans ce qui doit être l'instrument capital pour la récupération de l'or. Il a fait construire un cylindre de grandes dimensions au blindage très épais. A l'intérieur, l'observateur pourra guider la pose des charges de dynamite et diriger ensuite les mouvements de la grue qui récupérera les barres. Le «Claymore» part donc avec le maximum d'atouts dans son jeu. Mais Jeremy Johnson sait bien que, malgré toute l'expérience de Williams et de ses quatorze hommes d'équipage triés sur le volet, la partie est loin d'être jouée. Il y a d'abord les tempêtes qui sont terriblement brusques dans les parages, en dépit de l'été austral qui commence. Enfin et surtout, il ne faut pas oublier que le «Niagara» a coulé sur une mine, une mine parmi toutes celles dont les Allemands ont truffé le secteur. Jeremy Johnson lève le bras. — Stop ! Nous y sommes. Dans son esprit, les souvenirs reviennent avec précision. Lors de ce tragique petit matin du 8 juin, il s'était efforcé de fixer avec une acuité presque photographique le maximum de détails. Il savait que ce serait indispensable un jour. A présent, il reconnaît parfaitement ce cap boisé, qui s'enfonce doucement dans la mer. Evidemment le repère n'est pas absolument précis. Le capitaine Williams vient à sa hauteur. (à suivre...)