D'après les deux pays, «le marché est surapprovisionné». Sommes-nous à la veille d'une nouvelle crise pétrolière, à l'occasion de la réunion demain de la réunion des pays exportateurs de pétrole, dans la capitale autrichienne? Tout porte à le croire, à la lumière des menaces de Téhéran et de Caracas de peser de tout leur poids sur le cartel pour arracher une baisse de la production. «L'Opep doit se tenir prête à réduire sa production de brut, soit à sa réunion de mardi à Vienne soit à la prochaine session du cartel en mars», a déclaré hier le ministre vénézuélien du Pétrole, Rafael Ramirez. La baisse de l'offre nécessaire serait d'un million de barils par jour (mbj), selon lui. «Le marché est surapprovisionné», a déclaré le ministre, mais les prix du pétrole restent très élevés, au-dessus de 67 dollars le baril à New York, «en raison de facteurs géopolitiques». Le Venezuela rejoint la position de l'Iran, qui était jusqu'ici le seul pays membre de l'Opep à s'être ouvertement prononcé en faveur d'une baisse de quotas de 1 mbj à partir d'avril. Les quotas de production de l'Opep sont actuellement fixés à 28 mbj, bien que les pays membres produisent plus de 29 mbj avec l'Irak, actuellement exclu du système de quotas. La prochaine réunion ordinaire du cartel est prévue le 8 mars à Vienne. «Le problème avec les prix, ce sont les tensions au sujet de l'Iran. Si les Etats-Unis insistent pour faire pression sur l'Iran, le prix restera au niveau actuel», a-t-il ajouté, dans une allusion au bras de fer qui oppose actuellement Téhéran à l'Occident sur les activités nucléaires iraniennes. Sept pays membres du cartel (Koweït, Nigeria, Arabie Saoudite, Irak, Venezuela, Indonésie, Algérie) se sont déclarés pour un maintien des quotas à la réunion de demain. A son arrivée, hier à Vienne, le ministre iranien du Pétrole, Kazem Vaziri-Hamaneh, s'était contenté d'indiquer que l'Opep «étudierait les conditions (prévalant) sur le marché» et qu'elle «prendrait une décision collective». La possibilité que le cartel (40% de l'offre mondiale) réduise sa production inquiète un marché rendu fébrile, outre l'Iran, par des troubles politiques au Nigeria, un autre membre de l'organisation. Lundi à New York, le prix du baril est remonté à 68,42 dollars US, soit tout près de son record historique de 70,85 USD atteint le 30 août 2005. C'est dans ce contexte tendu que le chef de file de l'Opep, le Saoudien Ali al-Nouaïmi, a assuré dimanche qu'il n'y avait «absolument» aucune raison de réduire mardi la production du cartel. Plusieurs autres pays membres (Koweït, Nigeria, Irak, Indonésie et Algérie) se sont déclarés du même avis. «Avec des prix aussi hauts, même si des pays voudraient bien réduire leurs productions pour des motivations politiques, l'attrait financier de maintenir la production élevée est si fort qu'une baisse importante de l'offre est improbable», explique Jason Schenker, analyste à la banque Wachovia présent à Vienne. Il n'était toutefois pas exclu que les membres de l'Opep se mettent d'accord dès mardi pour réduire leurs productions au deuxième trimestre, quand la fin de l'hiver dans l'hémisphère Nord pourrait réduire la demande et tirer les cours à la baisse. Quant au marché, il retient son souffle avant une réunion cruciale, jeudi et vendredi à Vienne, de l'Agence internationale de l'énergie atomique sur le programme nucléaire de l'Iran. En cas de renvoi du dossier devant le Conseil de sécurité de l'ONU, Téhéran pourrait répliquer en interrompant ses exportations de brut.