Craintes n Comme il avait peur de perdre son fils, il décide, pour le protéger, de lui faire bâtir un palais de verre d'où il ne pouvait sortir. Autrefois, vivait un roi qui n'avait pas d'enfant. Comme il vieillissait, il avait peur de mourir sans héritier. — Mets Dieu dans ton cœur, invoque-le et il exaucera ton vœu ! Le roi se perd en invocations. Dieu répond à sa demande. Sa femme est enceinte, mais en mettant son bébé au monde, elle expire. Le roi est affligé, mais en même temps heureux, car il a, enfin, un fils. — Mon fils, dit-il, est précieux à mes yeux. Je donnerai ma vie pour lui ! Comme il avait peur de le perdre, il décide, pour le protéger, de lui faire bâtir un palais de verre d'où il ne pouvait pas sortir. Seule une esclave noire lui rend visite chaque jour, lui apportant son repas : une assiette de couscous, un œuf cuit à la coque et écalé, un morceau de viande à moelle désossé, une gargoulette d'eau. Ainsi, il n'aura à faire aucun effort, il ne fréquentera personne, à l'exception de son père et de son esclave. L'enfant grandit et devient un jeune homme. Malgré cela, il est toujours enfermé dans son palais de verre. Les sujets du roi, eux, étaient étonnés que leur souverain leur cache encore ce fils qui lui succédera un jour ! — Quand pourrons-nous voir notre prince ? — Est-il aussi laid que cela pour que son père le dissimule à nos yeux ? — Nous voulons le voir ! Mais le roi refuse de montrer son fils. — Il n'est pas encore mûr pour affronter le monde ! Un jour, le roi part effectuer le pèlerinage à la Mecque. Les gens, eux, s'interrogent toujours : comment était le prince ? Pourquoi, maintenant qu'il était grand, ne quitte-t-il toujours pas son palais de verre ? Des jeunes parlaient de cela quand passe la vieille Settout, connue pour être une mauvaise langue. Ils l'appellent et lui disent : «Mère Settout, toi qui es autorisée à te rendre dans le palais de verre, dis-nous comment est notre prince ?» Elle leur répond : — Maintenant il est grand, il a votre âge ! Ils lui disent : — Comme nous voulons le voir ! — Rien de plus facile, dit la vieille, si vous me donnez tant, je le ferai sortir de son palais de verre ! — Nous acceptons, répondirent les jeunes gens. Elle leur dit : — Demain, à telle heure, rassemblez-vous devant le palais de verre. Mais soyez discrets, ne vous faites pas repérer par les gardes. — N'aie nulle crainte, nous serons discrets ! (à suivre...)