Résumé de la 5e partie n Tori propose de fouiller les affaires personnelles de la petite disparue Ngoc Thuy. Entre-temps, cette dernière voyage en car en direction de l'endroit où elle pense trouver son enseignante Mlle McDivott... Sadury non plus, d'ailleurs, mais c'était quelque chose dans ce goût-là que Mlle Divott avait écrit sur le tableau noir. Ngoc Thuy avait attendu la récréation pour le recopier. Elle était sûre que ça devait être ça. Tout en marchant, Ngoc Thuy aspirait profondément. Mlle McDivott vivait près de l'océan. Lorsqu'elle sentirait l'odeur de la mer, ça voudrait dire qu'elle était dans la bonne direction, même si Mlle McDivott habitait loin. Elle ne sentait pas encore l'océan, mais ça ne tarderait pas. Elle entra dans une épicerie et s'acheta deux biscuits au chocolat pour le petit déjeuner. Elle avait si faim que son estomac se mit à gargouiller lorsqu'elle fixa la crème blanche entre les deux épaisseurs de biscuit. Bien que sa grand-mère ne l'autorisât pas à en manger si tôt dans la journée, elle en demandait toujours aux femmes qui rient lorsqu'elle allait dormir chez l'une ou l'autre d'entre elles. Car elles ne lui refusaient rien, pas même de l'argent. Sans doute s'imaginaient-elles qu'elle le dépensait alors qu'elle le mettait de côté. Ngoc Thuy se tint à l'écart des gens, dans le magasin, et ne s'adressa qu'à l'homme au tablier de peau qui, comme son père, vendait des choses à manger. Elle lui remit son argent. Il le prit avec un sourire et elle lui demanda : — Vous pourriez me dire, s'il vous plaît, où je dois prendre le bus pour Sudbury ? Comme il ne comprenait pas, elle lui montra le morceau de papier. Il l'accompagna dehors et lui indiqua le chemin. Elle avait chaud tandis qu'elle attendait à l'arrêt l'arrivée du bus. Elle n'avait pas emporté de vêtements de rechange parce qu'elle ne pensait pas que le trajet serait si long. A présent, sa robe était tachée par l'herbe sur laquelle elle s'était assise et par le soda à l'orange qu'elle avait renversé. Mais peut-être Mlle McDivott serait-elle si heureuse d'avoir une visite qu'elle ne s'en rendrait même pas compte. Ngoc Thuy avait remarqué que les adultes qui parlaient à voix basse de Mlle Divott se taisaient dès qu'un enfant approchait. Elle avait compris que son institutrice s'était retirée pour mourir, exactement comme sa mère. Elle ne voulait pas qu'une personne aussi gentille que Mlle McDivott meure toute seule. Elle ne voulait pas que Mlle McDivott s'imagine qu'elle l'oublierait jamais. Elle voulait apporter à Mlle McDivott un des bonbons qu'elle avait mis de côté pour sa mère et la voir sourire en défaisant le papier. Elle voulait encore l'écouter parler de sa voix caressante comme le vent. Elle n'avait pas pensé que ça lui prendrait tant de temps, cependant, pour parvenir à Sudbury. Elle avait cru pouvoir y arriver le matin, avant que les autres ne s'aperçoivent de son absence, et les appeler pour leur dire où elle était. Le bus arriva. Ngoc Thuy s'assura qu'il allait bien à Sudbury. Elle déplia une nouvelle fois la feuille, s'enquit du tarif du trajet et compta la monnaie. Peut-être n'était-ce plus très loin. (à suivre...)