Résumé de la 8e partie n Tori continue de fouiller les affaires de Ngoc et essaie de faire un parallèle avec ce qu'elle a vécu pour trouver des indices sur l'endroit où pourrait se trouver la petite... Il lui était difficile d'être moins directe. — Ma femme souffrait d'un cancer. Elle est morte après six mois de maladie. Les deux derniers, elle les a passés à l'hôpital. Je suis resté à son chevet autant qu'il était possible. Je n'ai pas depuis été intime avec une femme. Tori se mit à examiner les devoirs d'école de l'enfant. Les lettres et les chiffres suivaient parfaitement les lignes, puis partaient de travers en se rapprochant du bord de la page, comme si la fillette était impatiente d'en finir. S'agissait-il d'une enfant impulsive qui s'ennuyait facilement ? Ou bien d'une travailleuse pleine de ténacité ? Tori ne posa pas de questions à ce sujet. Elle se contenterait de ses propres impressions, pour le moment. Les boucles et les barres étaient parfaitement formées, même lorsque l'écriture déviait. Une enfant qui savait rester maîtresse d'elle-même, ou du moins qui s'y efforçait même quand elle était pressée, songea Tori. Lorsqu'elle regarda les dessins au crayon, les couleurs vives l'éblouirent. Ils représentaient tous la même scène : une très petite, personne se tenait près d'une porte, d'où elle fixait une très grande personne, couchée dans un grand lit, sous une couverture multi-colore. Celle-ci était divisée en carrés et chacun était rempli d'une épaisse couche de crayon. Il y avait vingt-huit dessins. Tori constata que sur les derniers de la pile, la personne couchée devenait de plus en plus petite au point d'être, sur le tout dernier dessin, d'une taille inférieure à celle de l'enfant sur le seuil. — Ngoc Thuy a-t-elle jamais rendu visite à sa mère à l'hôpital ? — Jusqu'à ce qu'elle souffre trop et qu'on la mette sous sédatifs. Ngoc Thuy pleurait pour aller la voir, mais ça l'aurait trop bouleversée. Sa mère n'était plus du tout elle-même. Tori ne pouvait se représenter la douleur d'une enfant dont la mère, malade, avait été emportée pour ne plus jamais revenir. Ce qu'elle connaissait, en revanche, c'était le vide que laissait une telle perte. — Et elle avait de l'affection pour cette institutrice ? Un jour, au printemps, je suis allé la chercher à l'école. Elle s'est avancée vers moi en sautillant. Elle riait et tenait la main de Mlle McDivott. Elle avait à nouveau l'air d'une petite fille et non d'une petite vieille rongée par le chagrin. Tori remit les devoirs dans le coffre. — Je crois qu'elle est partie retrouver son institutrice. Elle ne tenta pas de lui expliquer le besoin que pouvait éprouver une enfant de tourner la page et, pour cela, de faire de vrais adieux. Ngoc Thuy cala ses sandales sous son bras et se mit à longer une étroite bande de plage, séparée de l'océan par d'énormes rochers. Le sable était tiède entre ses orteils. Il n'y avait pas d'ombre et la chaleur était intense mais, lorsque les vagues venaient frapper les rochers, l'air se chargeait de fines gouttelettes. (à suivre...)