Dispersion Les islamistes, que les plus optimistes des estimations créditent de 35 % des voix de l?ensemble du corps électoral, auront beaucoup de mal à «faire passer» un candidat au second tour, si second tour il y a. Entre le FIS dissous qui se dit non concerné par l?échéance électorale de 2004, le MRN et le mouvement Wafa qui s?apprêtent à officialiser la candidature de leurs leaders respectifs et le Mouvement de la société pour la paix (MSP) qui préfère se donner du temps avant de prendre sa décision, les islamistes sont, a priori, divisés sur la présidentielle du printemps prochain. Même si, à l?exception du parti dissous, toutes les tendances de l?islamisme politique sont favorables à la participation à cette échéance électorale, il n?en demeure pas moins que leurs stratégies sont diamétralement opposées. Alors que le MSP se dit prêt à soutenir un postulant hors parti ? au cas où il déciderait de ne pas présenter son propre candidat ? «à condition qu?il ne soit pas issu de l?ancien personnel politique», le MRN et le mouvement Wafa comptent présenter leur candidat, Abdallah Djaballah pour le premier et Ahmed Taleb Ibrahimi pour le second. C?est dire que les islamistes partiront en rangs dispersés à cette élection. Cela d?autant plus que le MSP, au cas où il ne présenterait pas de candidat, ne parrainerait pas, en principe, la candidature annoncée d?Ahmed Taleb Ibrahimi, car «issu du vieux personnel politique», encore moins celle, presque officielle, de Abdallah Djaballah, dont on connaît les profondes divergences avec le parti de feu Mahfoud Nahnah. Sur ce registre, il est utile de rappeler que l?ex-Hamas a apporté son soutien à Abdelaziz Bouteflika lors de la présidentielle de 1999, au détriment de Taleb Ibrahimi et de Abdallah Djaballah qui étaient déjà candidats. Le décor ainsi planté, les islamistes, que les plus optimistes des estimations créditent de 35 % des voix de l?ensemble du corps électoral, auront beaucoup de mal à «faire passer» un candidat au second tour, si second tour il y a. Seule une multitude de candidatures, toutes tendances confondues, à même de générer une «énorme» dispersion de voix, et un très fort taux d?abstention peuvent leur être salutaires. Si l?élection présidentielle se joue sur un seul tour, et à moins d?une très grande surprise, la victoire d?un candidat islamiste est exclue par les analystes. Dans le cas contraire, c?est-à-dire au cas où il y aurait un second tour, mais sans candidat islamiste, le comportement des islamistes pourrait varier entre un soutien à l?un des deux candidats en contrepartie de postes ministériels (cela pourrait être le cas du MSP) et un boycott pur et simple (le MRN et le mouvement Wafa).