Résumé de la 2e partie n Comme prévu le bateau est attaqué. Le capitaine devant le comportement des assaillants, décide de réagir... Et, étendant le bras, il visa avec calme. Avant que les Kabyles aient pu s'y opposer, le coup partit et le misérable profanateur s'affaissa la tête fracassée. Un tumulte indescriptible suivit le bruit du coup de feu : renversant leur chef, les assaillants s'élancèrent vers les chrétiens qui tombèrent à genoux ; en un clin d'œil, à demi assommés, ils furent renversés sur le pont, liés avec des cordes de palmier qui leur coupaient les poignets. Le patron, après avoir lutté un instant, fut mis à part, réservé pour les tortures. La jeune Italienne se dressa, couverte de sang. Elle considéra un moment cette scène sauvage, comme hébétée, puis, d'un mouvement brusque sauta dans les flots. Malheureusement pour elle, la mer, après l'effort monstrueux qu'elle avait fait, s'était subitement calmée et l'agitation causée par la houle n'était pas suffisante pour la faire disparaître : bientôt repêchée, elle fut livrée demi-morte aux femmes qui la portèrent sur la grève, où on la déposa à côté de ses infortunés compagnons. Ils étaient là, couchés, anéantis, n'osant pas faire un mouvement ni prononcer un mot, de peur d'exciter encore leurs maîtres ; seul le père pleurait et criait de temps à autre d'une voix déchirante : — Ma fille, ma fille ! Un Kabyle, parent de celui tué par le capitaine, énervé de cette plainte, lui écrasa la tête d'un coup de galet, sans qu'aucun des assistants fit un geste de défense ou de reproche. Les assaillants se réunirent sur la plage autour d'un feu fait de débris et, tout en se séchant, ils agitaient le sort des malheureux que la tempête leur avait livrés. Pour le capitaine, l'avis fut unanime : il avait tué, il devait mourir dans les plus affreux supplices ; pour les autres, l'intérêt, non la pitié, l'emporta : on les vendrait au meilleur prix possible. D'un commun accord, il fut aussi convenu, que les deux jeunes frères du mort choisiraient, dans toute la prise, la chose qui leur paraîtrait la plus précise à titre d'indemnité. Ces jeunes gens étaient jumeaux, chose rare en Kabylie : leur père les avait nommés Saad et Saadi ; ils s'aimaient tendrement et ne se quittaient jamais. Ils se concertèrent un instant à l'écart, puis se dirigèrent vers la jeune fille et, la relevant chacun par une épaule, ils dirent aux autres : — Voilà notre part ! Et ils la laissèrent retomber. Il y eut de nombreuses protestations, car la fille semblait si belle que tous la désiraient ; mais le chef calma bientôt la discussion : les jumeaux étaient dans leur droit, tous s'étant engagés à respecter leur choix. Ils prirent donc la fille et la remirent aux femmes de leur maison, qui s'assirent auprès d'elle pour la surveiller. On amena alors le vieux patron qui, calme, attendait le supplice : après lui avoir fait subir des sévices sans nom, il fut livré aux femmes, qui avaient déjà commencé le déchargement du navire. Après avoir torturé le commandant, elles le jetèrent encore vivant dans un brasier. Les deux frères ne pouvant s'entendre sur le sort de la jeune fille, décident de la tuer en lui plantant le couteau dans le ventre. C'est ainsi que l'amour fraternel, sentiment développé chez les Berbères, triompha de l'amour inspiré par la chrétienne.