Résumé : Le marchand ambulant avait disparu. Mohamed se maudit de l'avoir payé avant d'arriver à destination. Il reprend son chemin en portant sa mère sur le dos et un long regret sur le cœur. Mais avait-il le choix ? 21eme partie Mohamed savait que sa mère avait raison. Le jeu était clair. La proposition de Da Idir était à prendre ou à laisser. Et il a préféré la seconde solution. Si au moins sa mère avait encore sa jeunesse et ses forces. - Non, mère. Da Idir n'aurait pas supporté cette humiliation. Si j'avais refusé tout bonnement sa proposition, il n'aurait pas hésité à nous chasser. - Eh bien, tu vois qu'on a bien fait de partir. - Oui, mais, mère, tu es malade et ce froid n'arrange pas les choses. Vois comme tu tousses sans arrêt. - Mon fils que Dieu éclaire ton chemin. Epargne-moi les plaintes et les regrets. Nous vivrons ce que Dieu décidera pour nous. Ils continuèrent leur chemin jusqu'à la nuit tombée. Mohamed ne voyait plus rien devant lui. Il décide alors de s'arrêter et se met à regarder autour de lui pour trouver un semblant d'abri pour la nuit. Il remarque un rocher creux et assez profond. Il s'avance un peu plus de l'entrée et se décide à allumer un feu afin de faire fuir les animaux qui devaient s'y abriter. Le feu prend rapidement et réchauffe l'entrée de la petite grotte. Un loup sortit du noir et s'enfuit à la vue de la torche que brandissait Mohamed devant lui. Le jeune homme avance un peu plus pour inspecter les lieux. Il remarque une forme allongée sur le sol et un filet de sang. Il s'avance prudemment pour ne pas se faire attaquer par des chauves-souris ou un autre animal et s'approche de la forme allongée. À la vue du cadavre, il recule de deux pas. Un homme venait d'être déchiqueté par les loups. Son visage n'était plus qu'un amas de chair et ses vêtements déchirés et sales laissaient suinter des flaques de sang. L'homme était méconnaissable. Apparemment, c'était un voyageur qui, tout comme lui, voulait passer la nuit sous ce rocher. Tout à coup, Mohamed remarque un portefeuille à sa ceinture et une montre accrochée par une longue chaîne à son gilet. Cette montre, ce gilet, ce portefeuille ! Mohamed les avait déjà vus quelque part. Mon Dieu cela ne pouvait pas être cet homme ! Non ! Il prend le portefeuille et l'ouvre. Il en retire plusieurs liasses d'argent et un louis d'or qu'il n'eut aucun mal à reconnaître. L'homme n'était autre que le marchand ambulant qui l'avait escroqué le matin même. Il a été attaqué et déchiqueté par les loups. Le cheval a dû prendre la fuite. Mohamed repense à la prière faite par sa mère et reconnaît que c'est la malédiction de la vieille femme qui s'était abattue sur cet homme. Il fait sortir le corps et couvre les tâches de sang avec de la terre, puis il étend une couverture et revient retrouver sa vieille mère qui l'attendait sagement assise sous un olivier. - Où étais-tu donc passé, mon fils ? - J'étais juste là, mère. Il repense au marchand ambulant déchiqueté par les loups et embrasse sa vieille mère sur le front. - Mère, tes prières sont exaucées par Dieu. Prie pour moi. Demande à Dieu de guider mes pas et de me protéger afin que je puisse réaliser tous mes projets. La vieille femme prend la tête de son fils dans ses bras et l'embrasse avant de lui dire : - Tu as ma bénédiction, mon fils. Dieu sera avec toi et te protégera si tu évites de faire du mal, tout en tentant de faire le bien. Que Dieu t'accorde une longue vie et une bonne santé, et te donne le courage et la volonté de poursuivre ton chemin dans ce monde. - Viens, mère, je t'ai préparé un gîte pour la nuit. Tu vas manger un peu de galette et te reposer. Y. H. (À suivre)