InfoSoir : Comment évaluez-vous les répercussions de la crise financière internationale, à court et à moyen terme sur l'économie nationale ? l Amokrane Nouad : Les répercussions de cette crise reposent sur trois déterminants : le niveau d'inflation élevé ou pas en relation avec les importations, le niveau de rendement de l'économie notamment hors hydrocarbures et le niveau de volatilité des marchés des hydrocarbures élevé ou bas. Les niveaux de répercussion sont liés à ces déterminants ou à leurs combinaisons. Le risque d'une récession, qui se manifeste actuellement aux Etats-Unis et qui se propage vers l'Europe, le Japon, etc., commence à produire ses effets, se traduisant notamment par une baisse de la demande en énergie. Cette baisse s'est manifestée par une forte chute des prix qui commence à inquiéter les pays pour lesquels le pétrole représente l'unique source de revenus, comme l'Algérie. Notre pays est doté de suffisamment de moyens pour se défendre contre d'éventuelles répercussions négatives compte tenu du niveau appréciable de nos réserves de change qui permet de résister pendant quelques années à une éventuelle chute de nos revenus extérieurs. Les réserves de change d'un montant de 133 milliards de dollars à juillet 2008 peuvent atténuer cette crise à court terme en permettant d'assurer la couverture des importations pendant quelques années, sachant que la facture d'importation prévisionnelle pour l'année 2009 est de l'ordre de 35 milliards de dollars.Certes, pour le court terme, l'Algérie pourra en profiter suite à la diminution du coût des matières premières des produits de base qu'elle importe. Mais on ne sera pas à l'abri d'une inflation à l'échelle mondiale qui aura une répercussion directe sur les matières premières y compris le secteur de l'agroalimentaire. A moyen terme, il y aura un effet direct sur le commerce extérieur du pays, si le dollar se déprécie par rapport à l'euro, sachant que nos ventes d'hydrocarbures sont libellées en dollars et nos importations sont réglées en euros. Ceci va influer négativement sur la balance commerciale. La crise financière internationale serait-elle réellement une opportunité pour l'investissement étranger en Algérie ? l Oui, cette crise constitue une opportunité «favorable» à l'investissement étranger en Algérie. La sûreté et la pérennité du système bancaire et financier algérien et la non-intégration de notre système financier au système international (Bourse), les réserves de change de 137 milliards de dollars, la convertibilité commerciale du dinar et la stabilité de son taux de change réel représentent des atouts pour les investissements directs étrangers (IDE). Cela en sus des autres avantages déjà existants tels que le prix de l'énergie, de la main-d'œuvre et l'ensemble d'autres facilitations tant fiscales que douanières qui ont permis à notre pays d'être l'une des premières destinations d'IDE en Afrique. Cette crise du système financier, et non pas du marché, pourrait avoir un impact positif sur l'Algérie, en ce sens qu'elle présente actuellement des atouts indéniables pour l'attrait de capitaux étrangers, dont le plus important est la stabilité de son système financier et de son marché porteur et important (35 millions d'habitants).