Si les plumes de l'autruche sont recherchées, depuis les temps préhistoriques, les populations berbères appréciaient sa chair. Si des voyageurs étrangers la trouvent froide et sèche (al-Idrissî), voire nauséabonde (Léon l'Africain), ces populations la trouvaient à leur goût. Autrefois, même quand la chasse était prolifique, les Touareg séchaient la viande et la vendaient aux caravaniers qui l'appréciaient beaucoup. Au xvie siècle, un auteur, al-Umarî rapporte que les Constantinois capturaient les autruchons, les engraissaient et les mangeaient à la broche. Toujours au xvie siècle, al-Mah'allî signale que les autruches étaient très nombreuses entre les régions de Fès jusqu'à Tlemcen. Les œufs étaient disponibles en abondance et on en faisait commerce. En Orient, il ne semble pas qu'on ait manifesté un tel engouement pour la chair d'autruche, bien que sa consommation, dans la loi musulmane, soit reconnue licite. L'œuf était recherché et on le consommait cru, bouilli ou en omelette, cependant les nobles s'abstenaient d'en manger. C'était la nourriture des tributaires (imghad) et des esclaves (aklan). L'œuf d'autruche, de par son volume équivalant à environ deux douzaines d'œufs, pouvait donc nourrir plusieurs personnes.