Résumé de la 4e partie n Le père Dupeyrat échappe de justesse à un couple de serpents, mais le voici confronté à un autre reptile qui monte sur son cou... Le serpent est justement sur sa poitrine et continue son chemin sans se presser. Le père est frappé par sa grosseur, presque celle d'un boa. Et, étonnamment, au lieu de le remplir d'horreur, cette vision lui apporte pour la première fois un espoir. Il se demande, en effet, comment les sorciers ont pu faire entrer un animal de cette taille et de cette puissance dans un bambou. Leur art de manipuler les serpents a beau être sans pareil, il a tout de même des limites. Et si pour une fois les sorciers n'étaient pour rien dans tout cela ? Les serpents peuvent attaquer d'eux-mêmes, c'est même une des plaies de la Nouvelle-Guinée, une des principales causes de mortalité. En tout cas, celui avec lequel il est actuellement aux prises ne semble pas agressif. Il descend lentement le long de son corps, arrive sur le sol de la case et se prépare à la quitter, d'une manière indifférente, presque dédaigneuse. Brusquement, le père Dupeyrat décide d'agir. Il vient d'échapper miraculeusement à la mort, mais cela ne lui suffit pas. Il comprend qu'il a la possibilité de l'emporter définitivement. Alors que le reptile a déjà la tête à l'extérieur, il s'empare de sa canne et frappe de toutes ses forces. Le coup est si violent qu'il brise la colonne vertébrale de l'animal qui est agité de soubresauts convulsifs. Le père le prend par la queue et sort de la case en criant — Venez ! Venez tous ! Les Papous arrivent et s'immobilisent devant lui. Il prend la parole d'une voix éclatante — Regardez ! J'ai vaincu les sorciers ! Je suis plus fort que tous les serpents car mon Dieu est le plus fort ! André Dupeyrat voit alors un spectacle extraordinaire : tous les habitants du village se mettent à genoux dans un même mouvement. A cet instant, il comprend qu'il vient de l'emporter définitivement. Quelques jours plus tard, il est de retour à Fané. La population du village l'entoure et lui fait fête, car elle était au courant du combat d'une nature si particulière qui l'opposait à ses adversaires. Le chef de la petite garnison anglaise le félicite au nom de tout le monde et l'interroge : — A quoi attribuez-vous d'être sorti vivant de cette épreuve ? A l'aide de Dieu ? Le père Dupeyrat sourit. — Je pense que les missionnaires ont la protection du Seigneur, mais, comme on dit : «Aide-toi, le ciel t'aidera.» J'ai mis le proverbe en application et j'ai emporté une arme avec moi. — Une arme ? — C'est Aitapé qui l'a avec lui. Veux-tu la montrer, Aitapé ? Le domestique s'exécute et sort du sac qu'il portait un petit morceau de matière jaune. Le père André Dupeyrat le prend en main. — C'est sans doute grâce à cela que je suis en vie : du savon ! Les Papous que les sorciers voulaient éliminer n'en avaient pas et ils gardaient leur odeur sur eux. Moi, j'ai pris soin de me laver pendant toute mon expédition. Et, alors que les serpents normalement attaquaient comme une flèche, devant moi, ils hésitaient, ce qui m'a permis de frapper le premier. Je pense qu'ils reconnaissaient mon odeur mais, comme elle était atténuée et qu'il y avait en plus celle du savon, ils étaient désorientés. Ainsi s'est terminée l'aventure du père André Dupeyrat en Nouvelle-Guinée, une aventure dont il est sorti vainqueur grâce à sa foi, à son courage et à un morceau de savon.