Résumé de la 4e partie n Jean demande des nouvelles de son frère au conférencier qui semble ne pas en avoir. C'est alors qu'elle se dirige vers une jeune dame aux lunettes à la monture rose... Je me fais du souci pour lui. — Que se passe-t-il ? Où est-il ? Que lui est-il arrivé ? Son interlocutrice promena autour d'elle un regard inquiet. — Ecoutez, je ne peux pas parler ici. Retrouvons-nous au café qui fait l'angle, dans dix minutes. Prenez à gauche et traversez la rue. — Très bien, dit Jean. La jeune femme se retira précipitamment, sans même lui avoir donné son nom. Jean quitta les lieux quelques instants plus tard et traîna dehors, faisant mine de contempler les vitrines illuminées, des magasins. Elle était presque arrivée au coin de la rue lorsqu'elle entendit le hurlement d'une femme et le bruit sourd du métal percutant un corps. Quelqu'un poussa un cri. Deux ou trois personnes firent volte-face et se mirent à courir. Jean atteignit l'angle et les vit, regroupées autour d'une silhouette étendue sur la chaussée. — Que s'est-il passé ? demanda-t-elle à un homme. — Une voiture l'a renversée. J'ai à peine eu le temps de voir. Le conducteur ne s'est même pas arrêté. — Quelqu'un a noté le numéro de la plaque ? demanda-t-on, mais personne ne répondit. Jean aperçut les lunettes roses près du corps. — Est-ce qu'elle est... Il faut appeler police secours, mais je doute que ça serve à quelque chose. Elle n'attendit pas l'arrivée de l'ambulance et de la police, et s'empressa de quitter les lieux. La situation avait beau lui échapper, elle se sentait menacée. Mais son frère Eugene l'était encore davantage. Il lui était arrivé quelque chose et elle n'osait s'imaginer quoi. La jeune femme aux lunettes roses avait dû, elle aussi, nourrir semblable inquiétude, sans quoi elle n'aurait pas posé cette question à la fin de la réunion. Jean se hâta de regagner son appartement, gara sa voiture à l'emplacement habituel et sortit courbée pour se dissimuler derrière la portière. L'accident auquel elle avait presque assisté la perturbait parce qu'elle craignait qu'il s'agisse d'autre chose. Une voiture avait heurté la femme avant de filer dans la nuit. Etait-ce un fait banal ? Un chauffeur innocent ne se serait-il pas plutôt arrêté pour venir en aide à la victime ? Au journal télévisé de onze heures, l'accident fatal faisait le second titre, juste après l'incendie qui avait ravagé une pizzeria à l'autre bout de la ville. La police recherchait le conducteur du véhicule et le nom de la victime était gardé secret tant que la famille n'avait pas été informée du décès. Le lendemain, comme à son habitude, Jean lut le journal du matin dans son bureau en buvant son café. La victime se nommait Amanda Burke, était célibataire et travaillait dans la plus grande bibliothèque de la ville. Cela pouvait expliquer son intérêt pour H. Rider Haggard, mais pas son lien avec le frère de Jean, à supposer qu'il y en eût un. (à suivre...)