Intérêt n Le parcours de l'anthropologue française décédée il y a quelques mois à l'âge de 100 ans, a été au centre d'un colloque international, hier. Ont pris part à ce colloque, organisé au siège du Sénat à Paris par l'Association France Algérie, des universitaires venus d'Alger, d'Oran et de Tizi Ouzou, ainsi que leurs confrères des différents centres de recherches français. Ils ont débattu tout le long de la journée de trois problématiques : «Germaine Tillion, anthropologue, son temps, son terrain, ses travaux», «Lire Germaine Tillion aujourd'hui» et «Actualités des études des sociétés de proximité en Algérie». Des intervenants ont analysé les œuvres maîtresses de Germaine Tillion, comme Le harem et les cousins, L'Algérie en 57 et Il était une fois l'anthropologie dans lesquelles l'anthropologue française avait «décortiqué» la société algérienne, la situation prévalant dans le pays après le déclenchement de la Révolution de Novembre 1954 et ses tentatives de rapprocher les peuples algérien et français. L'accent a été mis sur son travail scientifique et son engagement militant contre les répercussions du fait colonial sur les plans socioéconomiques, contre la torture, les condamnations à mort. «Je considérais les obligations de ma profession d'ethnologue comparables à celles des avocats, avec la différence qu'elle contraignait à défendre une population au lieu d'une personne», disait Germaine Tillion, citée à maintes reprises par des communicants. L'ethnologue Germaine Tillion avait pris fait et cause pour la justice lors de la Guerre de libération nationale en dénonçant notamment la torture. Ses travaux dans la région des Aurès ont permis une meilleure connaissance de la société algérienne dans les années 1930. L'engagement de Germaine Tillion s'exprimera, lors des premières années du déclenchement de la Révolution de Novembre 1954, par son travail sur les déportations des populations algériennes et sur l'utilisation du napalm dans les montagnes. Elle a également enquêté sur «les réalités algériennes». Ces réalités découlaient d'un système juridique corollaire du code de l'Indigénat mis en place par la loi du 26 juin 1881. Il marginalisait les Algériens sur leur propre sol. Germaine Tillion avait dénoncé, haut et fort, «la clochardisation» des Algériens, victimes de pratiques inhumaines. Elle est à l'origine de la création des centres sociaux, dont des responsables comme Mouloud Feraoun, Max Marchand et les autres ont été froidement assassinés par l'OAS, en 1962. Germaine Tillion a été une des fondatrices et présidente de l'Association France Algérie. En 2000, elle signe l'appel lancé pour que soit reconnue et condamnée officiellement la pratique de la torture pendant la Guerre de libération nationale. Pour rappel, un hommage à cette scientifique a été organisé récemment par le Centre culturel algérien de Paris.