Routes défoncées, transport aléatoire, chauffage au gaz naturel inexistant, assistance sociale inconnue et, le comble, un chômage dépassant les 40% de la population censée être active. Ainsi, à l'extrémité ouest de la wilaya d'Alger, dernière limite avant Blida, un village, un des premiers de la révolution agraire, –Tessala El-Merdja – a vécu un jeudi de révolte. Les habitants coupent l'accès de l'autoroute Alger-Blida dans les deux sens, bloquant ainsi la circulation durant plusieurs heures avant que la gendarmerie n'intervienne. Sidi Abed, un centre dépendant de la commune de Tessala El-Merdja, issu de l'appropriation de lopins de terre à une période pas très lointaine, se trouve dépourvu de pratiquement toutes les commodités de la vie en communauté : voies non bitumées, gaz naturel inexistant, chômage endémique et plus de 600 familles subissant les inondations de mercredi dernier au point de se trouver empêchées de se déplacer. D'où le recours à une manifestation de ras-le-bol en barrant la route à des centaines de véhicules, si ce ne sont des milliers, qui ont dû prendre leur mal en patience ; il leur a même été expliqué que l'exécutif actuel n'a pas tenu ses promesses depuis une année. «Nous revendiquons le bitumage des routes, nous voulons voir l'installation d'un réseau de gaz naturel avec tout le froid que nous subissons», dira un des jeunes, à l'abri des regards des éléments de la gendarmerie venus en force et déterminés à empêcher tout débordement. A 16h, un long et lent convoi s'ébranle, les routes et accès ont été dégagés, à la grande joie des familles voulant tout simplement regagner leur domicile. Week-end raté pour les uns, une sensibilisation osée et permise pour les autres. Les rues et divers accès du centre de Sidi Abed demeuraient inondés par les pluies diluviennes ; cette ancienne terre agricole continuait d'absorber les eaux de pluie et les quelques unités industrielles installées, en subissaient les incommodités. A la nuit tombée, ce jeudi, le village donnait l'impression d'être livré à lui-même. Un lendemain de fête religieuse au goût amer devant ce qui semble être un gâchis sur le plan urbanistique, un modèle à ne pas suivre. Un enseignant, habitant à l'entrée de la route menant à Sidi Abed, acceptera, sous le couvert de l'anonymat, de confier : «La population en a marre, elle demande un minimum et elle ne l'obtient pas. L'émeute est alors compréhensible.»