Réalité n La filière de la pomme de terre continue de faire face à des difficultés diverses en dépit de son importance dans un pays qui aspire à sa sécurité alimentaire. «La filière de la pomme de terre en Algérie demeure toujours fragilisée dans la mesure où elle est dépendante de l'importation des semences», a estimé le Dr Mostefa Haddad de l'université de Sidi Bel Abbes, hier, au siège d'Algex lors d'un forum sur cette denrée alimentaire organisé par la FAO, l'ambassade du Pérou, le groupe de réflexion Filaha Innove en collaboration avec l'association des anciens élèves de l'INA et le Conseil national interprofessionnel de la pomme de terre. Selon lui, les semences doivent constituer une préoccupation majeure. D'où la nécessité d'accorder une attention particulière à cette question en développant par exemple la culture in vitro qui se présente comme une alternative, selon M. Harouadi, ingénieur agronome. «Le prix de la pomme de terre restera tributaire de ceux des intrants et les semences», a-t-il indiqué. Un avis que rejoint le représentant de la société Sagrodev, spécialisée dans la production de plants de pomme de terre. Abondant dans le même sens, le Dr Amirouche Lahcène voit dans la maîtrise des semences comme une condition sine qua non pour la sécurité alimentaire. Les experts voient dans leur importation qui s'accentue en quantité et en coûts, comme une dépendance à l'égard des pays producteurs qu'il faut dépasser. Les animateurs de ce forum ont axé aussi leurs interventions sur le rendement insuffisant de cette culture dans notre pays qui est de 200 quintaux à l'hectare. Ils considèrent que la cherté des engrais et les produits phytosanitaires et leur indisponibilité sur le marché dissuadent les agriculteurs et réduisent la capacité de production. Les agriculteurs sont appelés à moderniser leurs exploitations en s'équipant en moyens matériel et humain. En matière d'exportation de la pomme de terre, la part de notre pays demeure insignifiante devant nos voisins marocain et tunisien qui exportent respectivement 9% et 5% de leurs productions. Pourtant comme l'a souligné M. Lefki, la superficie consacrée à la pomme de terre en Algérie, qui est de 90 000 ha, est supérieure à celles exploitées au Maroc (60 000 ha) et en Tunisie (22 000 ha). Le directeur général d'Algex, a déclaré que le volume des exportations des produits agricoles, y compris la pomme de terre, ne représente que 25 à 30 millions de dollars. «Les moyens logistiques à l'exportation, la certification et la labellisation de nos produits impliquent des coûts assez importants et un petit agriculteur ne peut les supporter», a-t-il expliqué. Pour ces experts, l'Etat doit impérativement accorder une attention particulière à cette filière en levant les contraintes sus-citées et accompagner les agriculteurs. Les acteurs intervenant dans la chaîne de production de la pomme de terre doivent s'organiser pour mieux cerner les besoins et les potentialités nationales de ce produit.